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93 - UNE REVOLUTION SOLAIRE THERMIQUE SUR LES TOITS DU MONDE

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Publication du Earth Policy Institute
Extrait de livre
9 mars 2010

UNE REVOLUTION SOLAIRE THERMIQUE SUR LES TOITS DU MONDE



Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka, Frédéric Jouffroy et Pierre-Yves Longaretti

Texte original:
http://www.earthpolicy.org/index.php?/book_bytes/2010/pb4ch05_ss3a

Le changement climatique et la sécurité énergétique sont des sources de préoccupation grandissantes qui provoquent un développement généralisé de l’exploitation de l’énergie solaire. Ce développement est également soutenu par des politiques gouvernementales de plus en plus favorables aux sources d’énergie renouvelables, mais aussi par la baisse du coût de production dans un contexte d’augmentation du prix des énergies fossiles. L'utilisation des capteurs solaires thermiques convertissant la lumière du soleil en chaleur, pour chauffer l'eau et les bâtiments, constitue l’une de ces technologies qui commence à réellement prendre de l’ampleur.

La Chine par exemple dispose maintenant de 27 millions de chauffe-eau solaires installés sur les toits. Près de 4 000 entreprises chinoises fabriquent ces appareils et cette technologie relativement simple et bon marché a diffusé dans des villages qui n'ont pas encore l'électricité. Pour seulement 150 €, ces villageois peuvent avoir un capteur solaire installé sur leur toit et prendre ainsi leur première douche à l’eau chaude. Cette technologie se répand en Chine comme une traînée de poudre, la saturation du marché étant déjà en vue dans certaines régions. Le gouvernement prévoit d’en pousser encore plus loin le développement, pour passer des 114 millions actuels de mètres carrés de capteurs solaires thermiques installés à 300 millions d'ici 2020.

L'énergie captée par ces installations sur le territoire de la Chine est équivalente à l'électricité produite par 49 centrales thermiques au charbon. D'autres pays en voie de développement tels que l'Inde et le Brésil pourraient également bientôt voir des millions de ménages se tourner vers cette technologie peu coûteuse. Son arrivée dans des zones rurales sans réseau électrique peut être comparée à la manière dont les téléphones portables ont permis d'éviter la mise en place d’un réseau traditionnel de lignes fixes, fournissant un service téléphonique à des millions de personnes qui seraient autrement toujours en liste d'attente. Une fois payé le coût initial d'installation du chauffe-eau solaire sur le toit, l'eau chaude fournie est pratiquement gratuite.

En Europe, où les coûts énergétiques sont relativement élevés, les chauffe-eau solaires progressent aussi très rapidement. En Autriche, 15 pour cent des ménages les utilisent pour produire leur eau chaude, et, comme en Chine, certains villages en sont presque intégralement équipés. L'Allemagne va également de l'avant. Janet Sawin du Worldwatch Institute indique que près de 2 millions d'Allemands vivent maintenant dans des maisons où l'eau chaude et le chauffage sont fournis par des systèmes solaires thermiques installés sur les toits.

Au vu du développement rapide des panneaux solaires thermiques en Europe ces dernières années, la fédération de l'industrie thermique solaire européenne (ESTIF : European Solar Thermal Industry Federation) s’est fixée l’objectif ambitieux de 500 millions de mètres carrés, - soit 1 mètre carré de capteur par Européen- installés sur les toits d'ici 2020 ; ce chiffre est légèrement plus élevé que le 0,93 mètre carré installé aujourd’hui par personne à Chypre, le leader mondial actuel dans le domaine. La plupart des installations prévues seront des systèmes solaires combinés, capables de produire du chauffage et de l'eau chaude sanitaire.

Les implantations de capteurs solaires thermiques en Europe se font essentiellement en Allemagne, en Autriche, et en Grèce; la France et l'Espagne souhaitent aussi développer cette filière. En Espagne, ce processus a été accéléré par un décret de mars 2006 imposant l'installation de capteurs sur tous les bâtiments nouveaux ou rénovés. Le Portugal a rapidement fait de même, avec son propre règlement. L'ESTIF estime que l’on pourrait installer à long terme dans l'Union Européenne 1200 gigawatts de capteurs solaires thermiques pour le chauffage et l'eau chaude sanitaire, ce qui permettrait de couvrir la plupart des besoins en chauffage basse température.

Aux États-Unis, l'industrie du solaire thermique s’est implantée sur un marché de niche, avec 10 millions de mètres carrés de chauffe-eau solaires pour le chauffage des piscines installés entre 1995 et 2005. Cette expérience accumulée a permis à cette industrie de se réorienter vers le marché de masse des systèmes solaires thermiques pour le chauffage et l'eau chaude, suite à l’introduction de crédits d'impôts en 2006. L'installation de ces systèmes aux Etats-Unis, en particulier à Hawaï, en Californie et en Floride, a triplé en 2006 et se poursuit depuis à un rythme rapide.

Nous disposons aujourd’hui de données permettant de faire quelles prévisions globales : la Chine s’étant fixé un objectif de 300 millions de mètres carrés de capacité solaire thermique d'ici 2020, et l’Europe, par l’ESTIF, un objectif de 500 millions de mètres carrés à la même date, l'installation de 300 millions de mètres carrés aux États-Unis à cette échéance est certainement possible au vu des incitations fiscales adoptées récemment. Le Japon, qui compte aujourd’hui 7 millions de mètres carrés de capteurs solaires thermiques, mais importe pratiquement tous ses combustibles fossiles, pourrait facilement atteindre 80 millions de mètres carrés à cette date.

Si la Chine et l'Union Européenne atteignent leurs objectifs et que les prévisions faites pour le Japon et les Etats-Unis se réalisent, cela représentera au total 1 180 millions de mètres carrés pour la production d’eau chaude et le chauffage en 2020. En prenant des hypothèses plausibles pour les pays émergents autres que la Chine, le total mondial en 2020 pourrait dépasser 1,5 milliards de mètres carrés, soit une capacité solaire thermique de 1 100 gigawatts thermiques et l'équivalent de 690 centrales thermiques au charbon. On atteindrait ainsi plus de la moitié de l'objectif de chauffage à base d’énergies renouvelables défini par l’ Earth Policy Institute pour l’horizon 2020. Celui-ci s’intègre dans l’énorme effort de réduction des émissions effectives totales de carbone de 80 pour cent lors de la prochaine décennie nécessaire pour la stabilisation du climat. (Pour plus d'information, consultez les chapitres 4 et 5 du plan B 4.0 : Mobilizing to save civilization (Se mobiliser pour sauver la civilisation), en ligne en téléchargement gratuit sur www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb4.)

Ces perspectives immenses de développement du solaire thermique dans les pays industriels pourraient permettre la fermeture d’un certain nombre de centrales thermiques au charbon et de réduire l'utilisation du gaz naturel, de par le remplacement des chauffe-eaux électriques ou à gaz par des chauffe-eaux solaires. Dans les pays comme la Chine et l'Inde, ces chauffe-eau solaires vont par contre directement permettre de réduire le besoin de nouvelles centrales thermiques au charbon.

Les systèmes de chauffage solaires thermiques en Europe et en Chine constituent une vraie opportunité économique: dans les pays industriels ces systèmes s'amortissent en moyenne en moins de 10 ans par le prix de l'électricité économisée. Ils répondent aussi aux enjeux de sécurité énergétique et de changement climatique.

Avec la baisse des coûts des systèmes de chauffage solaire thermique, en particulier en Chine, beaucoup d'autres pays vont probablement emboîter le pas à Israël, l'Espagne et le Portugal pour imposer l’incorporation de ces systèmes sur tous les nouveaux bâtiments. Ces équipements de toiture ne sont dorénavant plus un effet de mode mais entrent rapidement dans le domaine des équipements standard.

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Adapté du chapitre 5, “ Stabiliser le climat : passer aux énergies renouvelables, ” dans Plan B 4.0 de Lester R. Brown : se mobiliser pour sauver la civilisation (W.W. Norton & Compagnie, New York, 2009), disponible en ligne sur www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb4

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