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57 - LA FIN D’UNE EPOQUE

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Earth Policy Institute, extrait du livre Plan B 3.0
Pour diffusion immédiate, le 31 mars 2009

LA FIN D’UNE EPOQUE
Clôture du débat sur la construction de nouvelles centrales à charbon en Amérique.

Texte original:
http://www.earthpolicy.org/Updates/2009/Update81.htm

Jonathan G. Dorn, traduit par Frédéric Jouffroy

L’opposition des communautés, les procédures judiciaires, et les incertitudes financières sur les futurs coûts du charbon incitent les entreprises à repenser leurs projets concernant le charbon. Depuis début 2007, 95 projets de centrales à charbon ont été abandonnés ou reportés aux Etats-Unis (59 en 2007, 24 en 2008, et au moins 12 pour le premier trimestre 2009). Ceci couvre presque la moitié des quelques 200 projets de construction de centrales à charbon depuis 2000. La grande majorité des propositions restantes sont pour l’essentiel bloquées, dans l’attente d’annonces indiquant que l’Environment Protection Agency – EPA (Agence pour la Protection de l’Environnement, ndlt) va imposer des limites sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Avec en prévision d’autres procédures juridiques de contestation et l’imminence de la régulation du CO2, 2009 pourrait bien témoigner de la fin des nouveaux projets de centrales à charbon aux Etats-Unis.

Une décision de la Cour Suprême datant d’Avril 2007 s’avère faire école. Dans le Massachussets, a l’attention de l’EPA, la Cour a jugé que le Clean Air Act (loi sur la qualité de l’air, ndlt) donnait à l’Agence autorité pour réguler les émissions de CO2 et que l’EPA devait vérifier si de telles émissions étaient une menace pour le bien-être et la santé publique. Se conformant à l’ordre de la Cour, la nouvelle Administratrice de l’EPA Lisa Jackson a présenté fin Mars 2009 une conclusion de « mise en danger » à la Maison Blanche, indiquant que le bien-être et la santé humaine étaient en effet menacés par les émissions de CO2. Cette conclusion ouvre la porte à la régulation des émissions de CO2, dans le cadre de la loi sur la pollution de l’air. Une telle réglementation pourrait constituer une solution de secours pour infléchir les émissions si le Congrès échoue à les limiter par la voie législative.

Le Congrès, cependant, est de plus en plus soumis aux pressions des activistes opposés au charbon. Encouragés par les appels à la désobéissance civile de l’ex Vice-Président Al Gore et du climatologue réputé James Hansen, pour arrêter la construction de centrales à charbon, des milliers de personnes venant de tous les Etats-Unis se sont rassemblées à Washington le 2 Mars 2009 pour protester contre la centrale à charbon du Capitole et pousser le Congrès à faire passer des lois pour réduire les émissions de carbones. Ce rassemblement a été l’acte de désobéissance civile le plus important contre le charbon aux Etats-Unis. ( www.earthpolicy.org/Updates/2009/Update81_data.htm.)

Le leader de la Majorité au Sénat Harry Reid et la porte-parole de la Chambre des représentants Nancy Pelosi sont tous les deux des ardents défenseurs de la réduction des émissions de carbone et font pression pour obtenir un projet de loi sur le climat au Congrès avant la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique à Copenhague en Décembre prochain. Si des limites sur les émissions de CO2 étaient imposées via une taxe carbone ou un système de permis d'émission échangeables, le coût de fonctionnement des centrales utilisant des énergies fossiles augmenterait. Et comme la combustion du charbon relâche plus de CO2 par unité d’énergie produite que n’importe quelle autre source d’énergie, les centrales à charbon seraient les plus touchées. Le Président Obama appelant à la mise en place d’un système de permis à émettre pour réduire les émissions de carbone, l’avenir des nouvelles centrales à charbon parait pour le moins limité.

Même si la législation pour réguler les émissions de carbone ne se matérialise pas cette année, la délivrance d’autorisations en attente pour les centrales à charbon est potentiellement bloquée. En Novembre 2008, avant la parution de la conclusion de mise en danger, la Commission d’appel sur les sujets environnementaux de l’EPA a décidé que le bureau régional de l’Agence dans l’Utah devait prendre en compte la régulation des émissions de CO2 avant d’accorder une autorisation pour un projet de centrale à charbon. Ceci ne met pas seulement un frein à la construction de la centrale de l’Utah, il crée un précédent pour arrêter la procédure d’attribution d’autorisations pour n’importe quelle centrale, jusqu’à ce que l’EPA décide de l’opportunité et de manière de réguler les émissions de carbone, dans le cadre de la loi sur la qualité de l’air.

Au niveau des Etats, les mesures prises au sein de divers gouvernements démontrent l’aversion grandissante pour le charbon. Depuis 2007, les gouverneurs de Floride, de l’Illinois, du Kansas, du Michigan, de la Caroline du Sud, de l’Etat de Washington, et du Wisconsin ont tous pris des mesures contre, ou exprimé leur opposition à de nouvelles centrales à charbon. Dans le numéro de Février 2009 du journal d’information de son état, la gouverneur du Michigan Jennifer Granholm a appelé à une évaluation de « toutes les alternatives prudentes et réalisables, avant de donner le feu vert pour de nouvelles centrales à charbon », mettant en attente au moins cinq projets de centrales à charbon. Au lieu d’investir dans des centrales à charbon qui demanderait au Michigan d’acheter du charbon provenant du Montana et du Wyoming, la gouverneur Granholm a déclaré qu’employer l’argent correspondant à améliorer l’efficacité énergétique et à exploiter les sources d’énergie renouvelables du Michigan créerait des milliers d’emplois dans cet état.

Ce point de vue ne semble pas avoir touché l'assemblée législative du Kansas, qui tente pour la 4ème fois en un an de faire passer un projet de loi qui permettrait à la Sunflower Electric Power Corporation de construire une centrale à charbon de 1400 mégawatts à Holcomb. Dépendre du charbon, un combustible plus cher produit hors de l’état et qui créera, pour un investissement donné, moins d’emplois que le développement de l’éolien, n’est pas très logique pour un état comme le Kansas qui dispose de vastes ressources éoliennes. La gouverneur du Kansas a opposé son veto à toutes les tentatives de l’assemblée législative pour autoriser la centrale à charbon.

En Juin 2008, la juge Thelma Moore de la Cour Supérieure de Georgie, en accord avec la décision de la Cour Suprême à l’attention de l’EPA dans le Massachusetts, a annulé le permis de polluer délivré par le Ministère des Ressources Naturelles de Georgie pour le projet Longleaf de centrale à charbon de 1200 mégawatts. Cette mesure du juge Moore a provoqué l’arrêt de la construction de la centrale, et constitue le premier cas pour lequel le CO2 a été cité comme raison pour refuser un permis de polluer. Et, en Février 2009, les députés de Georgie ont présenté le projet de loi de l’assemblée n° 276, appelant à un moratoire immédiat sur la construction de nouvelles centrales à charbon dans l’état, et à l’arrêt progressif à échéance mi-2016 de la combustion de tout charbon issu de mines à l’air libre.

Les compagnies et services publics dans le secteur de l’énergie répondent à la montée des incertitudes réglementaires et de l’opposition publique, en renonçant au charbon et en se tournant vers des sources propres et renouvelables d’énergie comme le vent, le solaire et la géothermie. Le grossiste en énergie Dynergie Inc, alimentant 13 états, a annoncé en Janvier 2009 qu’il arrêtait sa filiale L.P. issue d'une association avec LS Power Associates pour construire jusqu’à sept centrales à charbon. L’action de Dynergy a gagné 19 pour cent, le jour où elle a fait cette annonce. Quelques semaines plus tard, Arizona Public Service Co, le plus grand opérateur électricien de l’état, a présenté un plan stratégique à la commission des Entreprises de l’Arizona, où il a indiqué qu’il ne construirait plus de nouvelles centrales à charbon du fait du risque trop élevé sur le charbon. A la fin Février, Oklahama Gas & Electric a annoncé un plan pour se tourner vers les énergies renouvelables, et suspendre la construction de centrales fonctionnant aux énergies fossiles jusqu’au moins en 2020.

L’idée selon laquelle les Etats-Unis ont besoin de production supplémentaire d’électricité issue du charbon, pour répondre à la demande est trompeuse. Le fait de simplement utiliser l’électricité de manière plus efficace pourrait apporter de larges gains en énergie. Une étude récente du Rocky Mountain Institute ( Institut des Montagnes Rocheuses, ndlt) a montré que si les 40 états les moins efficaces sur le plan énergétique augmentait leur productivité électrique (c’est à dire le Produit Intérieur Brut généré par kilowatt-heure d’électricité consommée) au niveau moyen des 10 états les plus efficaces, 62 pour cent de la production d’énergie par le charbon aux Etats-Unis pourrait être arrêtée, soit environ 370 centrales à charbon.

Les évènements des deux dernières années montrent que la porte se ferme sur les perspectives de construction de nouvelles centrales à charbon aux Etats-Unis. Alors que seules 5 nouvelles centrales à charbon, représentant au total 1400 mégawatts sont entrées en service en 2008, plus de cent fermes éoliennes capables de produire 8400 mégawatts ont été connectées au réseau dans le même temps. Et ceci n’est qu’un début. Pour avoir une chance raisonnable d’atténuer les effets potentiellement catastrophiques du réchauffement climatique, notre objectif devrait être maintenant d’arrêter progressivement la production d’électricité à partir du charbon pendant la prochaine décennie.

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Pour plus d’information, voir les Chapitres 11 et 12 du Plan B3.0 : Mobiliser, pour Sauver la Civilisation, disponible en téléchargement gratuit sur http://www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb3.

Une présentation résumée du Plan B est disponible sur: www.earthpolicy.org/Books/PB3/presentation.htm.

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