previous

47 - CREER DES NOUVEAUX EMPLOIS, DIMINUER LES EMISSIONS DE CARBONE ET REDUIRE LES IMPORTATIONS DE PETROLE EN INVESTISSANT DANS LES ENERGIES RENOUVELABLES ET L’EFFICACITE ENERGETIQUE

next
 


Earth Policy Institute
Mise à jour du plan B
Le 11 Décembre 2008

CREER DES NOUVEAUX EMPLOIS, DIMINUER LES EMISSIONS DE CARBONE ET REDUIRE LES IMPORTATIONS DE PETROLE EN INVESTISSANT DANS LES ENERGIES RENOUVELABLES ET L’EFFICACITE ENERGETIQUE

texte original:
http://www.earthpolicy.org/Updates/2008/Update80.htm

Lester R. Brown, traduit par Frédéric Jouffroy

A l’heure où les plus grandes compagnies américaines annoncent presque quotidiennement des suppressions d’emplois, l’industrie de l’énergie renouvelable embauche chaque jour de nouveaux travailleurs pour fabriquer des fermes éoliennes, installer des panneaux solaires sur les toits et construire des centrales solaires thermiques et géothermiques. La production des compagnies industrielles qui fabriquent les équipements pour ces installations énergétiques augmente d’un bon 30 pour cent par an. Ces investissements en même temps créent des emplois et aident à empêcher que le changement climatique diverge hors de contrôle.
Parmi les différentes sources d’énergie renouvelable, le vent est une préoccupation majeure. Les Etats-Unis ont déjà 24 000 mégawatts de capacité de production éolienne (l’équivalent de 24 centrales à charbon), et 83 fermes éoliennes représentant 8 000 mégawatts de capacité sont en construction. Et, au delà de ces chiffres, des fermes éoliennes d’une capacité stupéfiante de 225 000 mégawatts sont prévues, en attente d’accès au réseau électrique.

Actuellement, les Etats-Unis ont 40 usines fabriquant des composants pour l’énergie éolienne. 8 de ces sites assemblent des nacelles, 20 fabriquent des mats, et 12 construisent des pales. De plus, beaucoup d’autres installations de fabrication sont soit en construction, décidées ou planifiées. Chaque milliard de dollars investi dans les fermes éoliennes crée quelque 3 350 emplois, presque 4 fois plus que les 870 emplois crées par un investissement similaire dans une centrale à charbon (voir les données sur http://www.earthpolicy.org/Updates/2008/Update80_data.htm.)

Côté cellules solaires photovoltaïques, le potentiel de développement aux Etats-Unis s’observe par une croissance récente, des petites installations de toit jusqu’aux centrales de production commerciale couvrant plusieurs kilomètres carrés. En 2007, les Etats-Unis ont installé à peu près 200 mégawatts de capacité de cellules solaires, la plupart sur des toits. En 2008, Pacific Gas & Electric, un opérateur leader en Californie a conclu un contrat avec 2 entreprises pour construire 800 mégawatts de capacité de cellule photo-voltaïques ; leur production maximale sera équivalente à celle d’un réacteur nucléaire. Un milliard de dollars investi dans centrales de cellules solaires génère 1 480 emplois.

Une situation similaire de croissance existe du côté des centrales solaires thermiques: des installations qui utilisent des miroirs pour concentrer les rayons solaires afin de générer de la vapeur pour faire tourner des turbines. Jusqu’à récemment, il n’y avait qu’une seule de ces centrales aux Etats-Unis : Le complexe SEGS de 350 mégawatts en Californie. Il y a maintenant 18 centrales de dimension commerciale en développement (15 en Californie, 2 en Floride, 1 en Arizona) pour une capacité totale de production de 4160 mégawatts, soit une augmentation d’un facteur presque douze. Ceci est un exemple d’encore une autre technologie d’énergie demandant beaucoup de main d’œuvre (2270 emplois par milliard de dollars investis), dont les coûts décroissent fortement, et qui est rapidement en train de devenir un acteur majeur de l’économie de l’énergie des Etats-Unis.

Examinons maintenant l’énergie géothermique. Depuis 20 ans, les Etats-Unis avaient une seule centrale de dimension commerciale, en Californie. Maintenant, soudainement, presque en une nuit, ont émergé dans les Etats de l’Ouest 96 projets, la plupart d’entre eux ayant une capacité production allant de 10 à 350 mégawatts. Nous sommes donc actuellement témoin de l’émergence d’une nouvelle source majeure d’électricité.

Deux nouvelles technologies (les voitures hybrides rechargeables sur le secteur et les éoliennes de conception avancée) ont posé les bases pour construire une économie complètement nouvelle de la propulsion automobile. Alors que 4 fabricants prévoient d’arriver sur le marché en 2010 ou 2011 avec des hybrides rechargeables, les premières estimations de capacité de production semblent faibles. Ce qu’il faut, c’est un programme de rupture, presque une mobilisation du type de celle de la Seconde Guerre Mondiale (ndt : après Pearl Harbour, l’industrie automobile américaine avait été reconvertie en un temps record pour fabriquer des armes), pour produire des dizaines de millions de voitures largement propulsées à l’électricité, provenant en majorité des fermes éoliennes, à un coût équivalent essence de moins de 26 centimes de dollars (ndt: 20 cm d’euros) le litre. La bonne nouvelle, c’est que les hybrides rechargeables n’ont pas besoin d’une nouvelle infrastructure.

L’objectif des Etats-Unis pour Detroit (ndt : la ville de l’industrie automobile) ne devrait pas être uniquement de la sauver mais d’en faire le leader mondial pour la production de voitures hybrides rechargeables à haute efficacité. Remplacer un 4x4 dévoreur d’essence par un hybride rechargeable réduira, sur la durée de vie de la voiture, les importations de pétrole de 200 barils (ndt= 31 800 litres), économisant 20 000 dollars d’importations pétrolières. Multiplier cette action sur la flotte entière permettrait de garder au pays des milliards de dollars pour des investissements porteurs d’emploi.

Une autre façon créatrice d’emplois d’économiser l’énergie est d’investir dans les déplacements urbains, par bus et par tramway. Quand ceci est associé à des aménagements pour les vélos et les piétons, cela accroît aussi la mobilité et réduit les importations de pétrole.

En terme de création d’emplois, investir dans la rénovation de bâtiments crée plus de 7 fois plus d’emplois qu’un investissement équivalent dans des centrales à charbon. Un des leaders historiques dans ce domaine est Houston, qui prévoit de rénover chacun des 271 bâtiments du gouvernement, réduisant ainsi simultanément la consommation d’énergie et les coûts opérationnels. Comme le dit Bill White le maire de Houston « C’est tout à fait sensé d’un point de vue économique».

En Californie, Adobe Systems, une firme logicielle, à rénové ses coûteux quartiers généraux pour un coût de 1,4 millions de dollars, faisant chuter sa consommation d’électricité de 35 pour cent et celle de gaz naturel de 41 pour cent. Les économies d’énergie réalisées ont remboursé l’investissement de 1,4 millions de dollars en seulement 14 mois (plus habituellement, le seuil de rentabilité sur la rénovation des bâtiments est plus proche de 5 ans). Et ces emplois ne peuvent pas être délocalisés.

Construire la nouvelle économie de l’énergie crée des emplois dans la construction de fermes éoliennes ou la rénovation de bâtiments, et aussi, indirectement, chez les fournisseurs qui livrent par exemple les pièces pour ces éoliennes ou les fenêtres à haute efficacité thermique pour ces rénovations. Ces investissements créent aussi des emplois indirects hors du secteur de l’énergie. Par exemple, la construction d'une ferme éolienne dans une communauté des Grandes Plaines crée des emplois dans les commerces locaux comme les restaurants et les points de vente d’équipements pour la maison.

Le rôle du gouvernement dans cette large initiative de création d’emplois est d’utiliser les fonds publics comme effet de levier, pour inciter des investissements bien plus importants de capital privé. Nous estimons que 100 milliards de dollars de fonds fédéraux stratégiquement utilisés sur les 12 prochaines années pourrait entraîner 400 milliards de dollars d’investissement de capital privé. Si ces 500 milliards de dollars sont alloués équitablement entre le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire et géothermique) et la rénovation, et si deux emplois créés dans le secteur de l’énergie en créent un ailleurs, ceci générerait rapidement 600 000 nouveaux emplois pérennes au moins jusqu’en 2020.

En plus du besoin court terme de créer des emplois, il y a la nécessité universelle d’éviter l’emballement du réchauffement climatique et la menace qu’il fait peser sur la civilisation globale. Si le monde veut avoir une chance réelle de sauver l’Inlandsis Groenlandais et au moins les plus importants glaciers de l’Himalaya et du Plateau Tibétain (glaciers dont la fonte alimente les principaux fleuves et systèmes d’irrigation d’Asie pendant la saison sèche), alors les émissions globales de carbone doivent être réduites de 80 pour cent d’ici 2020. Pour les Etats-Unis, cela pourrait exiger jusqu’à 500 milliards de dollars de fonds fédéraux pour mobiliser 2 000 milliards de capital privé – pour un investissement total de 2 500 milliards de dollars dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique d’ici 2020. Un investissement de ce niveau créerait 3 millions de nouveaux emplois pérennes au moins jusqu’en 2020.

Une mesure complémentaire pour accélérer la réduction des émissions de carbone serait d’incorporer le coût du changement climatique dans le prix des carburants fossiles soit par un système de compensation carbone, soit par une restructuration des impôts. Cette dernière solution voudrait simplement dire augmenter la taxe sur le carbone et la compenser par une réduction de l’impôt sur le revenu. Ces deux mesures déplaceront les investissements des énergies fossiles vers l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

Une des lacunes flagrantes dans la politique américaine actuelle est son échec à étendre au delà d’un an le crédit d’impôt pour la production éolienne. Le moment est venu de l’étendre à 2015, pour donner aux investisseurs la confiance nécessaire pour faire des investissements de long terme dans la production éolienne et les lignes à haute tension.

Au delà de ceci, un vrai réseau national électrique est nécessaire. Un tel réseau permettrait en même temps une gestion plus efficace de la capacité de production électrique du pays, et de relier les régions riches en énergie solaire, éolienne et géothermique avec les centres de populations.

Historiquement, il est rare que tant de menaces naissantes aient une solution commune. Les mesures décrites ici simultanément réduiraient les émissions de carbone, baisseraient les importations de pétrole et créeraient des millions de nouveaux emplois. Ceci est une opportunité gagnante-gagnante-gagnante que nous ne pouvons pas laisser passer.

# # #

Lester R. Brown est le président de l’Earth Policy Institute, et l’auteur de « Plan B 3.0: Mobilizing to Save Civilization », disponible en téléchargement gratuit sur www.earthpolicy.org.

Des données et des sources d’informations supplémentaires sont disponibles sur www.earthpolicy.org

Pour s’abonner aux traductions des mises à jour du Plan B de l’Earth Policy Institute:
http://www.ecologik-business.com/inscription-newsleter-lester-brown.html

L’association Alternative Planétaire est le relais en France des idées et du travail de l’Earth Policy Institute:
http://www.alternativeplanetaire.com

Information complémentaire: www.earthpolicy.org

N’hésitez pas à transmettre cette information à des amis, membres de la famille, et collègues !

# # #

pour plus d'informations, contactez:

Contact Presse & Permissions de reproduction:
Reah Janise Kauffman
Tel: + 202 496-9290 x 12
E-mail: rjk (at) earthpolicy.org

Contact Recherche :
Janet Larsen
Tel: + 202 496-9290 x 14
E-mail: jlarsen (at) earthpolicy.org

Earth Policy Institute
1350 Connecticut Ave. NW, Suite 403
Washington, DC 20036
USA
Web: www.earthpolicy.org

 

 
 
© Ecologik business 2008