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37 - PLUS D'ÉGALITÉ EN ÉDUQUANT CHAQUE ENFANT

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Earth Policy Institute
Extrait du livre Plan B 3.0
Pour diffusion immédiate, le 10 septembre 2008

PLUS D'ÉGALITÉ EN ÉDUQUANT CHAQUE ENFANT

http://www.earthpolicy.org/Books/Seg/PB3ch07_ss2.htm

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka

Le fossé économique et social entre le milliard d'habitants le plus riche et le milliard le plus pauvre n'a pas de précédent historique. Non seulement le fossé est large, mais en plus, il continue de s'élargir. Le milliard d'habitants les plus pauvres sont enfermés au niveau de la subsistance et avec chaque année qui passe, le milliard d'habitants les plus riches deviennent de plus en plus riches.

L'un des moyens de réduire le fossé entre les segments riches et pauvres de la société est d'assurer une éducation universelle. Cela signifie de s'assurer que les 72 millions d'enfants non inscrits à l'école puissent y aller. Les enfants sans aucune éducation formelle commencent leur vie avec un handicap sévère, qui assure presque qu'ils resteront dans une pauvreté abjecte, et que le gouffre entre les pauvres et les riches continuera à s'élargir. Dans un monde de plus en plus intégré, ce gouffre grandissant devient une source d'instabilité. Le prix nobel d'économie Amartya Sen souligne: “l'analphabétisme et l'incapacité à compter sont une plus grande menace pour l'humanité que le terrorisme.”

Dans l'effort visant l'éducation primaire universelle, la Banque Mondiale a pris la tête avec le plan "éducation pour tous", où tout pays ayant un plan bien conçu pour atteindre ce but est éligible pour le support financier de la banque. Les trois obligations principales sont que le pays soumette un programme sensé pour atteindre une éducation élémentaire universelle, engage une partie significative de ses propres ressources pour le plan, et ait des pratiques comptables et budgétaires transparentes. S'il se déroule complètement, tous les enfants dans les pays pauvres auront une éducation en école primaire d'ici 2015, les aidant à sortir de la pauvreté.

Quelques progrès vers cet objectif ont été faits. En 2000, quelques 78 pour cent des enfants ont achevé leur scolarité primaire, alors qu'en 2005 ce chiffre a atteint les 83 pour cent. Les gains ont été forts mais inégaux, laissant la Banque Mondiale conclure que seulement 95 des 152 pays en développement pour lesquels des données sont disponibles atteindront l'objectif de l'éducation universelle en école primaire d'ici 2015.

La pauvreté est largement héritée. L'écrasante majorité de ceux qui vivent aujourd'hui dans la pauvreté sont les enfants de personnes ayant vécu dans la pauvreté. La clé pour s'échapper de la culture de la pauvreté est l'éducation, particulièrement l'éducation des filles. Tandis que les niveaux d'éducation féminins augmentent, la fertilité baisse. Et les mères qui ont au moins cinq ans d'école perdent moins d'enfants à la naissance ou à cause de maladies précoces que leurs pairs éduqués. L'économiste Gene Sperling concluait dans une étude de 2001 portant sur 72 pays que “l'expansion de l'éducation secondaire des femmes pouvait être le seul et le meilleur levier pour atteindre des réductions substantielles de fertilité.”

L'éducation élémentaire tend à augmenter la productivité agricole. Les services agricoles supplémentaires qui savent utiliser des matériaux imprimés pour disséminer l'information ont un avantage évident. De même pour les fermiers qui savent lire les instructions sur un sac d'engrais. La capacité à lire les instructions sur un récipient de pesticides peut sauver la vie.

À un moment où le HIV se répand, les écoles fournissent les moyens institutionnels pour éduquer les jeunes gens à propos des risques d'infection. Le moment pour informer et éduquer les enfants à propos des virus et des styles de vie qui encouragent sa diffusion est plus efficace quand ils sont jeunes, pas quand ils sont déjà infectés. Les jeunes gens peuvent aussi être mobilisés pour conduire des campagnes d'éducation parmi leurs pairs.

L'un des grands besoins dans les pays en développement, particulièrement ceux où les rangs de professeurs sont décimés par le SIDA, est plus de formation pour les professeurs. Fournir des bourses pour des étudiants prometteurs de familles pauvres pour qu'ils suivent des formations en instituts en échange d'un engagement à enseigner, disons pendant cinq ans, pourrait être un investissement hautement profitable. Cela aiderait à assurer que les ressources d'enseignement soient disponibles pour atteindre l'éducation primaire universelle, et cela encouragerait une remontée de talents des segments les plus pauvres de la société.

Gene Sperling croit que chaque plan devrait contenir des moyens pour accéder aux segments de la société les plus difficiles à atteindre, spécialement les filles pauvres dans des zones rurales. Il note que l'Ethiopie a été pionnière avec les Girls Advisory Committees (comités de conseil pour les filles, ndlr). Des représentants de ces groupes vont voir les parents qui cherchent un mariage précoce pour leurs filles et les encourage à garder leurs filles à l'école. Quelques pays, dont le Brésil et le Bangladesh, fournissent en fait des petites bourses pour les filles ou traitements à leurs parents qui en ont besoin, aidant ainsi ceux qui viennent d'une famille pauvre à obtenir une éducation de base.

Tandis que le monde devient de plus en plus intégré sur le plan économique, il y a plus de 800 millions d'adultes analphabètes qui sont gravement handicapés. Ce déficit peut être jugulé en lançant des programmes d'alphabétisation pour adultes, dépendant fortement de bénévoles. La communauté internationale pourrait proposer un capital initial pour fournir du matériel pédagogique et des conseillers extérieurs là où c'est nécessaire. Le Bangladesh et l'Iran, qui ont tous deux conduit avec succès des programmes d'alphabétisation pour adultes, peuvent servir de modèles.

On estime un besoin de 10 milliards de dollars supplémentaires de financement externe, au delà de ce qui est dépensé aujourd'hui, pour que le monde atteigne l'éducation universelle primaire. À un moment où l'éducation donne accès aux enfants non seulement à des livres mais aussi aux ordinateurs et à Internet, voir des enfants qui ne vont jamais à l'école n'est plus acceptable.

Quelques incitations pour que les enfants aillent à l'école sont très efficaces: un programme de déjeuners scolaires, spécialement dans les pays les plus pauvres. Depuis 1946, chaque enfant américain à l'école publique a accès à un programme de déjeuners scolaires, qui assure au moins un bon repas par jour. Personne ne dément les bénéfices de ce programme national.

Les enfants qui sont malades ou affamés manquent de nombreux jours d'école. Et même lorsqu'ils peuvent être présents, ils n'apprennent pas aussi bien. Jeffrey Sachs du Earth Institute à la Columbia University souligne que, “Les enfants malades sont souvent confrontés à une productivité réduite pendant toute leur vie à cause des interruptions de scolarité conjuguées à des altérations physiques et cognitives.” Mais quand les programmes de déjeuners scolaires sont lancés dans les pays à faibles revenus, les inscriptions à l'école grimpent, la performance scolaire des enfants progresse, et les enfants passent plus d'années à l'école. Les filles en bénéficient particulièrement. Attirés à l'école par le déjeuner, ils restent plus longtemps à l'école, se marient plus tard, et ont moins d'enfants. C'est une situation gagnant gagnant. Lancer le programme de déjeuners scolaires dans les 44 pays les plus pauvres coûterait 6 milliards de dollars par an au delà de ce que les Nations Unies dépensent actuellement pour réduire la faim.

Des efforts plus grands sont aussi nécessaires pour améliorer la nutrition avant que enfants aient l'âge d'aller à l'école, pour qu'ils puissent bénéficier des déjeuners scolaires ensuite. L'ancien sénateur George McGovern indique que le programme "femme, nourrissons et enfants" (“ women, infants and children (WIC)), qui propose des suppléments alimentaires nourrissants pour les femmes enceintes et celles qui allaitent, et qui sont dans le besoin” devraient aussi être disponibles dans les pays pauvres. S'appuyant sur 33 ans d'expérience, il est clair que le programme américain WIC a connu un énorme succès pour améliorer la nutrition, la santé et le développement des enfants en âge pré scolaire dans les familles à bas revenus. Si cela était étendu pour atteindre des femmes enceintes, les mères qui allaitent, et les nourrissons dans les 44 pays les plus pauvres, cela contribuerait à éradiquer la faim parmi des millions de jeunes enfants, à un moment où cela pourrait faire une énorme différence.

Ces efforts, même s'ils génèrent des coûts, ne sont pas chers comparés aux les pertes annuelles de productivité liées à la faim. McGovern pense que cette initiative peut contribuer à “assécher les marécages de la faim et du désespoir qui sert de terrain potentiel de recrutement pour les terroristes.” Dans un monde où une grande richesse s'accumule parmi les riches, il semble aberrant que des enfants aillent à l'école le ventre vide.

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Adapté du chapitre 7, “Eradiquer la pauvreté, stabiliser la population” dans Plan B 3.0: Mobilizing to Save Civilization (New York: W.W. Norton & Company, 2008) de Lester R. Brown, disponible à l'achat et en téléchargement gratuit sur : http://www.earthpolicy.org/index.php?/books/pb3

Information complémentaire: www.earthpolicy.org

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