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166 - LA CROISSANCE DE L’ÉCONOMIE MONDIALE A ETE PLUS FAIBLE QUE PREVUE EN 2011

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Publication du Earth Policy Institute
Indicateur Eco-économie
16 février 2012

 

LA CROISSANCE DE L’ÉCONOMIE MONDIALE A ETE PLUS FAIBLE QUE PREVUE EN 2011

 

texte original: http://www.earth-policy.org/indicators/C53/economy_2012

Brigid Fitzgerald Reading, traduite par Marc Zischka, Franck Gressier, et Frédéric Jouffroy

Janet Larsen et Sara Rasmussen, traduites par Marc Zischka, Franck Gressier, et Frédéric Jouffroy

Les Indicateurs Eco-Economiques sont douze tendances que l'Earth Policy Institute analyse pour mesurer les progrès accomplis dans la construction d'une économie durable. Compte tenu de la façon dont le monde fait maintenant des affaires, la croissance économique est une manière de mesurer la pression croissante sur l'environnement.

La croissance de l’économie mondiale a été de 3,8 % en 2011, en baisse par rapport aux 5,2 % réalisés en 2010. Les économistes avaient anticipé un ralentissement, mais la croissance a été encore plus faible que prévue, du fait du tremblement de terre et du tsunami au Japon, de troubles dans les pays producteurs de pétrole, de la crise de la dette en Europe, et d'une reprise stagnante aux États-Unis. Alors que les économies riches luttent pour se relever de la crise financière de 2008-09, les pays pauvres sont confrontés aux prix élevés des denrées alimentaires et au chômage croissant des jeunes. Dans le même temps, l'inégalité croissante des revenus et la montée des dégradations environnementales remettent en question les notions élémentaires de bonne santé économique.

Produit-brut-mondial

La valeur totale des biens et services produits dans le monde en 2011 a été de 77 200 milliards de dollars, soit deux fois plus qu'il y a 20 ans. L'économie mondiale a crû en moyenne de 4 % chaque année au cours de la décennie qui a précédé le ralentissement de 2008 et la récession de 2009. Les économies des pays industrialisés ont généralement augmenté d'environ 3 pour cent par an au cours des 10 années qui ont précédé la récession, mais de seulement 1,6 % en 2011. La croissance des économies en développement, qui fut en moyenne d'environ 6 % par an pendant la décennie précédant la récession, a été de 6,2 % l'an dernier.
 
Les pays émergents asiatiques ont réalisé en 2011 25 % de la production économique mondiale en 2011. Deuxième économie du monde, celle de la Chine a augmenté de 9,2 % en 2011, en produisant 11 100 milliards de dollars en biens et services. Sa croissance a pourtant été beaucoup plus faible que les 14 % qu’elle enregistrait en 2007, avant la récession. L'Inde, dont le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 7,4% à 4 400 milliards de dollars en 2011, a dépassé le Japon pour devenir la troisième économie mondiale. (Voir les données sur www.earth-policy.org .)

La croissance en 2011 des économies émergentes asiatiques a été quelque peu atténuée par la catastrophe au Japon, qui a perturbé les chaînes d'approvisionnement mondiales dans l'automobile, l'électronique, et d'autres secteurs. L'économie Japonaise a également été touchée, reculant de 0,9 % à 4 300 milliards de dollars en 2011.

De nombreux pays industrialisés ont encore du mal à se remettre de la Grande Récession. Selon les estimations du Fonds Monétaire International, les productions économiques de plusieurs d'entre eux, notamment des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie, étaient en 2011 environ 10 % plus faibles qu'elles n’auraient été sans la crise. Le ralentissement de 2011 dans les pays industrialisés a aussi réduit le flux de richesse vers les économies en développement.

Un réseau complexe d'emprunts entre les membres de l'Union Européenne a créé les conditions d’une crise de la dette, qui en 2011 a rendu les marchés financiers mondiaux plus volatils. Quelques pays, dont en particulier la Grèce, ont accumulé des dettes qu'ils sont incapables de rembourser. Les pays prêteurs, en particulier l'Allemagne, cinquième économie mondiale avec un PIB de 3 000 milliards de dollars en 2011, se sont montrés réticents à les renflouer. Les problèmes de l'Europe se poursuivent en 2012, avec, en janvier et février, la dégradation par les agences de notation de 10 pays, dont la France, l'Italie et l'Espagne.

Les Etats-Unis sont restés en 2011 la 1ère économie du monde avec un PIB de 14 800 milliards de dollars, mais l'activité économique y a été plus faible que prévue, les dépenses de relance du gouvernement n’ayant pas suffi pour stimuler la demande privée. Les Etats-Unis sont l’un des quelques pays riches où le taux de chômage en 2011 est resté supérieur au niveau d’avant la récession, avec des perspectives extrêmement faibles d'augmentation des revenus familiaux. Standard & Poor's en dégradant en août la note de la dette du pays a nourri les inquiétudes au sujet de la santé financière des Etats-Unis ; l'incertitude relative à la capacité des décideurs politique à relever ces défis a tendu les marchés financiers mondiaux. La croissance lente de la première puissance économique a freiné dans son ensemble l'économie mondiale.

Bien que n'étant pas aussi durement touchés par la Grande Récession, les pays en développement ont été confrontés en 2011 à des défis tels que le chômage des jeunes (qui a globalement augmenté au cours de ces dernières années) et le prix élevés des denrées alimentaires. Les aléas météorologiques, les stocks limités de céréales et les prix élevés du pétrole ont contribué à l’augmentation des coûts alimentaires , problème de premier plan pour les familles pauvres qui y consacrent une part importante de leurs revenus. Le prix élevé des denrées alimentaires peut contribuer à l'insécurité alimentaire et à la pauvreté. La Banque mondiale estime que les prix élevés des denrées alimentaires à la fin 2010 ont poussé 44 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté. Ces facteurs ont probablement contribué à déclencher les révolutions qui ont balayé le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Ces troubles ont eu une influence sur la montée des prix du pétrole, qui a ralenti la consommation des pays développés. Les prix du pétrole ont atteint 120 dollars le baril en avril avant de redescendre autour de 100 dollars en août.

Le Qatar, dont plus de la moitié du revenu national provient du pétrole et du gaz naturel, est (avec 103 000 dollars par personne) le pays dont le revenu moyen (PIB par personne) est le plus élevé du monde. Ceux des Etats-Unis et la Chine sont respectivement de 48 000 et 8 000 dollars par personne. La République Démocratique du Congo, un état défaillant en proie à la corruption du gouvernement et à des conflits violents, a le plus bas revenu moyen du monde, avec moins de 350 dollars par personne. Le revenu national moyen le plus élevé au monde représente ainsi près de 300 fois celui le plus faible au monde.

En décembre 2011, l'Organisation de Coopération et de Développement Economique a indiqué que l'écart entre les riches et les pauvres s'est creusé dans de nombreux pays industriels dans les dernières décennies. Par exemple, aux États-Unis entre 1984 et 2008 (dernière année pour laquelle des données sont disponibles), les revenus des ménages du premier décile le plus riche ont augmenté près de 4 fois plus vite que ceux du dernier décile le plus pauvre. La Chine a également connu une croissance plus inégale ces dernières années malgré une croissance économique en plein essor. De manière remarquable, le Brésil a en même temps réduit les inégalités et la pauvreté au cours de cette dernière décennie, avec une augmentation partagée des revenus.

Lorsque la répartition des revenus est très inégalitaire, les possibilités de promotion sociale sont limitées et la croissance économique contribue moins à la réduction de la pauvreté. Les importantes inégalités de revenus menacent aussi la stabilité politique et mettent en danger l'économie dans son ensemble. Dans un article publié en 2011 dans la revue Finance et Développement du FMI, il est mis en évidence que l'égalité des revenus est encore plus importante pour soutenir la croissance économique que l'ouverture au commerce, la gouvernance démocratique, les investissements étrangers, la compétitivité des taux de change, ou la dette extérieure.

Notre système économique actuel exige une croissance continuelle pour garder à flot gouvernements et familles, mais les écosystèmes sur lesquels s’appuient notre économie sont incapables de soutenir une consommation sans fin. Le PIB mesure la production économique, mais ne prend pas en compte les limites environnementales, les productions renouvelables ni la façon dont les dégâts environnementaux d’aujourd’hui compromettent la prospérité future. Et il ne parvient pas à distinguer la bonne croissance économique qui réduit la pauvreté et rend plus forte la société de celle qui pollue l'environnement, met en danger la santé, ou enrichit de manière disproportionnée les grandes sociétés et les plus riches.

Plusieurs indicateurs offrent des mesures plus nuancées du bien-être. Par exemple, en 2011, la Norvège a été classé n°1 pour l’Indice de Développement Humain (IDH) du Programme de Développement des Nations Unies, qui intègre l'espérance de vie, le nombre d'années de scolarité et le revenu moyen. Les Etats-Unis figurent au quatrième rang et la Chine au 101ème de ce classement, sur 187 pays. Les Etats-Unis ont de moins bons résultats pour les indicateurs qui prennent en compte les impacts négatifs sur l'environnement.

Le Global Footprint Network (GFN) calcule l'Empreinte Ecologique de l'humanité, qui compare la consommation de ressources à la capacité de la Terre à les reconstituer. Si l’on compare les écosystèmes de la planète à un capital financier, alors leur capacité de régénération annuelle est figurée par les intérêts produits, c’est à dire le montant qui peut être dépensé chaque année sans entamer le capital. Selon le GFN, depuis 2007 l'empreinte écologique de l'humanité dépasse de plus 50 % "les intérêts" (la production renouvelable) de la planète. Les États-Unis et la Chine consomment à eux deux près de la moitié de ce que la nature peut durablement fournir.

Dans notre système économique actuel basé sur la croissance, l’augmentation de la richesse et la croissance démographique conduisent à l’augmentation de la consommation, la destruction de l'environnement et la production de déchets. Ce modèle de développement occidental est voué à l’échec : si l’ensemble de la population mondiale adoptait le mode de vie de l'Américain moyen, il faudrait selon le GFN plus de 4,5 planètes pour répondre à nos demandes. Sans une vision plus globale de ce qui signifie la prospérité économique, et de meilleures moyens pour la mesurer, nous fonçons aveuglément sur un chemin conduisant au déclin et à l'effondrement économiques.

 

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Le dernier livre de Lester Brown, World on the Edge, est disponible en français et en librairie sous le titre de Basculement depuis le 6 octobre 2011.

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