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55 - DE PLUS EN PLUS DE PROBLEMES DE SANTE A RESOUDRE

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Earth Policy Institute
Extrait du livre Plan B 3.0
Pour diffusion immédiate, le 12 février 2009

DE PLUS EN PLUS DE PROBLEMES DE SANTE A RESOUDRE

Lester R. Brown, traduit par Frédéric Jouffroy

texte original:
http://www.earth-policy.org/Books/Seg/PB3ch06_ss3.htm

Lester R. Brown, traduit par Frédéric Jouffroy

Les défis sanitaires deviennent de plus en plus nombreux, avec l’émergence de nouvelles maladies infectieuses comme le SRAS, le virus du Nil occidental ou la grippe aviaire. De plus, l’accumulation des polluants chimiques dans l’environnement commence à faire payer son tribu. Alors que les maladies infectieuses sont assez bien comprises, les effets sur la santé de nombreux polluants environnementaux ne sont pas encore connus.

Parmi les maladies infectieuses les plus importantes, la malaria revendique plus d’un million de décès par an, dont 89% en Afrique. Le nombre de personnes qui en souffrent une grande partie de leur vie est plusieurs fois plus élevé. L’économiste Jeffrey Sachs estime que la baisse de productivité au travail, et les autres coûts associés à la Malaria, réduisent la croissance économique d’un pour cent dans les pays les plus touchés.

Bien que des maladies comme la malaria et le choléra prélèvent un lourd tribut, il n’y a pas d’exemple récent de maladie touchant autant de gens que l’épidémie du VIH. Pour trouver quelque chose de similaire à un telle perte potentielle de vie humaine, nous devons retourner à la décimation par la variole des communautés Amérindiennes au seizième siècle, ou à la peste bubonique qui emporta environ un quart de la population européenne au quatorzième siècle. Le VIH est une épidémie aux proportions épiques, qui, si elle n’est pas rapidement contrôlée, pourrait faire plus de victimes durant ce siècle que toutes les guerres du siècle passé.

Depuis que le virus de l’immunodéficience humaine a été identifié en 1981, il s’est répandu dans le monde entier, conduisant plus de 25 millions de personnes à la mort. Aujourd’hui 22 millions de séro-positifs vivent en Afrique sub-saharienne, mais seulement à peu près 2 millions d’entre eux sont traités avec des médicaments anti-viraux. Les taux d’infections grimpent. Sans traitement efficace, les régions d’Afrique sub-saharienne ayant les taux d’infection les plus élevés font face à une mortalité stupéfiante. Des pays comme le Botswana ou le Zimbabwe pourraient perdre plus du cinquième de leur population adulte dans les dix prochaines années.

L’épidémie du VIH touche tous les aspects de la vie et tous les secteurs de l’économie. La spirale de la déchéance sociale commence généralement quand le premier adulte de la famille tombe malade : un événement qui est doublement perturbateur, car chaque personne qui est malade et incapable de travailler, nécessite une autre personne pour s’occuper d’elle. La production de nourriture par personne, déjà à la traîne dans la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne, est maintenant en train de s’effondrer rapidement dans certains d’entre eux, à mesure que le nombre de travailleurs dans les champs diminue.

L’éducation est aussi touchée, quand les rangs des enseignants sont décimés par le virus. Du côté des apprenants, quand l’un ou les deux parents meurent, les enfants sont forcés de rester à la maison simplement parce qu’il n’y a pas assez d’argent pour acheter des livres et pour payer les frais de scolarité. L’épidémie laisse des millions d’orphelins dans son sillage. Les effets sur les systèmes sanitaires sont également dévastateurs. Dans beaucoup d’hôpitaux en Afrique de l’Est et de l’Ouest, une majorité des lits sont maintenant occupés par des victimes du SIDA, laissant moins de place à ceux atteints par d’autres maladies. Les systèmes sanitaires étant même incapables d’assurer les soins de base, les chiffres des maladies traditionnelles sont aussi en hausse. L’espérance de vie baisse non seulement à cause de SIDA, mais aussi de la détérioration de l’ensemble du système de soins qui l’accompagne.

L’épidémie du VIH en Afrique est maintenant un vrai problème de développement, menaçant non seulement de saper les progrès futurs mais aussi d’éliminer les progrès passés. Elle menace la sécurité alimentaire, sape le système éducatif, et tarit l’investissement étranger. Stephen Lewis, quand il était Envoyé Spécial des Nations Unies pour le VIH/SIDA en Afrique, a dit que cette épidémie pouvait être limitée, et que la tendance du nombre d’infections pouvait être inversée, mais que cela demandait l’aide de la communauté internationale. L’échec à financer complètement le Fond Global de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et la Malaria, a t’il dit, est “ un massacre par complaisance ”.

Alors que l’épidémie de VIH est concentrée en Afrique, les polluants de l’air et de l’eau nuisent partout à la santé des personnes. Une étude réalisée en même temps par l’Université de Californie et le Centre Médical de Boston montre que quelques 200 maladies humaines, allant des infirmités motrices cérébrales à l’atrophie des testicules, sont liées aux polluants. D’autres maladies peuvent être causées par ces polluants, dont le chiffre incroyable de 37 sortes de cancer, mais aussi des maladies du cœur et des reins, l’hypertension artérielle, le diabète, l’eczéma, les bronchites, l’hyperactivité, la surdité, la baisse de qualité du sperme, et les maladies d’Alzheimer et Parkinson.

Nulle part ailleurs autant qu’en Chine la pollution détériore la santé humaine, où les morts par cancer ont désormais éclipsé celles provenant de maladies cardiaques et cérébro-vasculaires. Une étude du Ministère de la Santé portant sur 30 villes et 78 régions à révélé en 2007 un flot croissant de cancers. Les populations de certains “ villages du cancer ” sont décimées par la maladie.

Pan Yue, vice ministre de l’Administration Chinoise pour la Protection de l’Environnement, pense que son pays “ est dangereusement près d’une situation de crise”. La raison, croit-il, en est que le Marxisme a ouvert la voie à “ une poursuite effrénée du profit matériel, dépourvue de moralité. La culture traditionnelle Chinoise mettant l’accent sur l’harmonie entre les êtres humains et la nature ”, dit-il, “ a été balayée ”.

La nouvelle réalité est que chaque année la Chine devient plus riche et plus malade. Bien que chaque année, il y ait des déclarations fréquentes conseillant vivement de réduire la pollution, ces instructions officielles sont largement ignorées. Il n’y a pas encore de vrai engagement du gouvernement Chinois pour contrôler la pollution. L’administration chinoise pour la protection de l’environnement compte moins de 300 employés, tous localisés à Pékin. Par contraste, L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) des Etats-Unis a 17 000 employés, dont la plupart travaille dans des délégations régionales dans le pays, où ils peuvent observer et surveiller la pollution au niveau local.

Pourtant les Etats-Unis ressentent toujours les effets de la pollution. En juillet 2005, le Groupe de Travail Environnemental, en collaboration avec Commonweal (institut de recherche non gouvernemental sur l’environnement et la santé, ndlt), a rendu public une analyse sanguine du cordon ombilical de 10 nouveaux nés sélectionnés au hasard dans les hôpitaux des Etats-Unis. Ils ont trouvé un total de 287 produits chimiques lors de ces tests. “ Parmi les 287 produits chimiques que nous avons détecté, nous savons que 180 provoquent des cancers chez l’homme ou les animaux, 217 sont toxiques pour le cerveau et le système nerveux, et 208 provoquent des malformations à la naissance, ou un développement anormal, lors de tests effectués sur les animaux ”.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 3 millions de personnes à travers le monde meurent chaque année du fait de la pollution de l’air (soit 3 fois le nombre de morts dans des accidents de la circulation). Aux Etats-Unis, la pollution de l’air tue chaque année 70 000 personnes, à comparer aux 45 000 morts du pays dans des accidents de la circulation.

Une équipe de recherche britannique signale une surprenante augmentation du nombre de cas de maladies d’Alzheimer et Parkinson, et de maladies moto-neuronales en général, dans 10 pays industrialisés (6 en Europe plus les Etats-Unis, le Japon, le Canada et l’Australie). En 18 ans, les taux de mortalité dus à ces maladies, en particulier celle d’Alzheimer, ont plus que triplés pour les hommes, et doublés pour les femmes. Cette augmentation de la démence est probablement liée à l’augmentation de la concentration des pesticides, rejets industriels, gaz d’échappements, et autres polluants de l’environnement. Une d’étude menée en 2006 par l’Ecole de Santé Publique d’Harvard a trouvé qu’une exposition de longue durée à des faibles doses de pesticides augmentait de 70% le risque de développer une maladie de Parkinson.

Les scientifiques deviennent de plus en plus préoccupés par les différents effets du mercure, un neurotoxique puissant, qui maintenant s’infiltre dans l’environnement de pratiquement tous les pays qui ont des centrales thermiques à charbon. En 2006, 48 des 50 états des Etats-Unis (tous exceptés l’Alaska et le Wyoming) ont émis un total de 3 080 avis piscicoles mettant en garde contre la consommation de poisson provenant des lacs et ruisseaux locaux du fait de leur teneur en mercure. Le Centre de Recherche de l’EPA indique qu’une femme sur six en âge de procréer aux Etats-Unis a assez de mercure dans le sang pour affecter le développement du foetus. Ceci signifie que 630 000 des 4 millions de bébés qui naissent dans le pays chaque année pourraient avoir des problèmes neurologiques, de par leur exposition au mercure avant la naissance.

Personne ne sait exactement combien de produits chimiques sont fabriqués aujourd’hui, mais avec l’apparition de produits chimiques de synthèse, leur nombre a dépassé les 100 000. Une analyse sanguine des Américains, faite aux hasard, montrera la présence de plus de 200 produits chimiques qui n’existaient pas il y a un siècle. La plupart de ces nouveaux produits chimiques n’ont pas été testés du point de vue de la toxicité. Ceux qui sont connus pour être toxiques sont répertoriés dans l’Inventaire des Produits Toxiques ou TRI (ndlt : Toxics Release Inventory), une liste de presque 650 produits toxiques, dont l’émission dans l’environnement par les industriels doit être signalée à l’EPA. Depuis l’inauguration du TRI en 1988, les émissions signalées de produits chimiques ont décru de manière dramatique. Mais avec 700 nouveaux produits chimiques entrant dans l’économie chaque année, il est clair que ce programme est inadapté à la protection du public aux produits chimiques, aux Etats-Unis.

Adapté du chapitre 6 “ Signes Précurseurs du Déclin ” dans le livre de Lester.R.Brown, Plan B 3.0: Mobilizing to Save Civilization (New York: W.W. Norton & Company, 2008) (ndlt : Mobiliser pour Sauver la Civilisation), disponible en téléchargement gratuit et à l’achat sur : http://www.earthpolicy.org/Books/PB3/index.htm

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