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23 - LES ÉTATS-UNIS VONT VERS UNE INTERDICTION DE
NOUVELLES CENTRALES THERMIQUES AU CHARBON

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Earth Policy Institute
Mise à jour du Plan B
Retenu pour le 14 février 2008, téléconférence de presse à 12 h 00

LES ÉTATS-UNIS VONT VERS UNE INTERDICTION
DE NOUVELLES CENTRALES THERMIQUES AU CHARBON

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka

Dans un rapport publié en 2007, le ministère de l’énergie américain listait 151 centrales thermiques au charbon dont la construction était planifiée et évoquait un retour à l’électricité fabriquée grâce au charbon. Mais pendant l’année 2007, 59 des centrales thermiques au charbon proposées aux États-Unis voyaient leur autorisation refusée par les gouvernements des états ou simplement abandonnés. En plus des 59 centrales écartées, près de 50 centrales au charbon supplémentaires sont contestées devant des tribunaux, et les centrales restantes seront probablement challengées quand elles atteindront le stade du permis de construire.

Nous commencions, comme quelques ondes locales de résistance à l’électricité fabriquée avec le charbon, ce qui a rapidement évolué en une vague de marée nationale d’opposition venue de la base. Elle regroupe des organisations et des communautés environnementales, de santé, d’agriculture, ainsi qu’un nombre croissant de gouvernements des états. Le public dans son ensemble se dresse contre le charbon. Dans un sondage national de septembre 2007 conduit par l’ Opinion Research Corporation sur la source d’électricité favorite des gens, seulement 3 pour cent choisissent le charbon.

Un des premiers revers majeurs de l’industrie du charbon s’est produite début 2007, quand des groupes environnementaux ont convaincu un opérateur basé au Texas (TXU) de réduire le nombre de centrales thermiques au charbon planifiées au Texas de 11 à 3. Et maintenant même les 3 centrales proposées pourraient être challengées. Pendant ce temps, les objectifs relatifs à l’énergie au sein du gouvernement du Texas se déplacent vers l’énergie éolienne. L’état planifie 23 000 mégawatts de nouvelle capacité éolienne (égale à 23 centrales thermiques au charbon).

En mai, la Florida’s Public Service Commission (Commission du Service Public de Floride, ndlt.) a refusé d’accorder un agrément pour une gigantesque centrale au charbon de 1 960 mégawatts (et 5,7 milliards de dollars) parce que l’opérateur ne pouvait pas prouver que construire la centrale serait moins cher que d’investir dans l’économie et l’’éfficience de l’énergie, ainsi que dans des sources d’énergie renouvelables. Cet argument de Earthjustice, un groupe juridique environnemental à but non lucratif, combiné avec l’opposition exprimée par le public à plus de centrales thermiques au charbon en Floride, conduisent à un retrait progressif pour quatre autres projets de centrales au charbon. Le gouverneur républicain Charlie Crist, qui porte l’attention sur la vulnérabilité de la Floride aux mers qui montent, s’oppose activement aux nouvelles centrales au charbon et a annoncé que l’état prévoit de construire la plus grande centrale solaire thermique du monde.

La principale raison de s’opposer nouvelles centrales charbon est l’inquiétude montante à propos du changement climatique. Une autre raison émergente est une envolée des coûts de construction. Et enfin, il y a préoccupation croissante sur les émissions de mercure et les 23 600 morts par an aux États-Unis dus à la pollution de l’air des centrales thermiques. (Voir les données sur www.earthpolicy.org/Updates/2008/Update70_data.htm.)

Les fournisseurs d’énergie ont argumenté que le dioxyde de carbone (CO2) des cheminées des centrales charbon pourrait être capturée et stockée dans le sous-sol, donnant ainsi un espoir à l’industrie de rester en vie. Mais le 30 janvier 2008, l’administration Bush a annoncé qu’elle mettait un frein à un projet collectif de 13 fournisseurs d’énergie et de compagnies de charbon, pour construire une centrale thermique de démonstration fonctionnant au charbon dans l’ Illinois avec séquestration de carbone souterrain à cause de dépassements massifs de budget. Le coût d’origine était de 950 millions de dollars quand le projet a été annoncé en 2003 il est allé au delà de 1.5 milliards de dollars début 2008, avec d’autres augmentations en perspective. L’annulation déplace de manière efficace la date pour toutes les centrales au charbon avec séquestration de carbone si loin dans le futur que cette technologie a peu pertinence immédiate.

Quelques fournisseurs se sont vu refuser les autorisations pour les centrales au charbon parce qu’ils n’ont pas examiné de méthodes alternatives pour satisfaire la demande, comme accroître l’efficacité de l’usage de l’électricité. Par exemple, isoler les bâtiments réduit grandement les besoins d’énergie pour le chauffage ou la climatisation. Utiliser des ampoules plus efficaces pourrait permettre d’économiser assez d’électricité pour fermer 80 centrales thermiques au charbon américaines.

Le Sierra Club, le leader national sur ce sujet, travaille avec des centaines de groupes locaux pour lancer des actions juridiques état après état. D’autres groupes nationaux qui sont activement impliqués comprennent le Rainforest Action Network réseau d’action pour la foret primaire nldt.), le Natural Resources Defense Council (conseil de défense des ressources naturelles nldt.), et Environmental Defense (et la défense environnementale nldt.). L’information sur le l’élan du mouvement de la base pour s’opposer aux centrales à charbon est suivi sur le site web Coal Moratorium NOW! (cmnow.org).

Les états qui travaillent pour réduire les émissions de carbone s’unissent pour décourager les autres états de construire de nouvelles centrales au charbon simplement parce que cela annulerait leurs propres efforts de réduction des émissions de carbone. En 2007, par exemple, les procureurs généraux de Californie, du Wisconsin, de New York, et quelques autres états du nord est ont écrit aux responsables de la santé du Kansas en les pressant de refuser les permis pour deux nouvelles centrales thermiques au charbon de 700 mégawatts chacune. Les permis ont en conséquence été refusés, en spécifiant que le dioxyde de carbone est un polluant atmosphérique et devrait être régulé, comme cela a été déterminé par un verdict de la Court Suprême en avril 2007. Dans une lettre du 22 janvier 2008, un groupement similaire d’états a enjoint le ministère de la santé et du contrôle environnemental de Caroline du Sud de refuser un permis pour la centrale au charbon Pee Dee de 600 mégawatts proposée.

L’avenir du charbon souffre aussi du fait que Wall Street tourne le dos à cette industrie. En juillet 2007, Citigroup, à travers un comité, a abaissé la notation des actions d’une compagnie de charbon et a recommandé que ses clients se tournent vers d’autres actions liées à énergie. En janvier 2008, Merrill Lynch a aussi abaissé la notation des actions liées au charbon. Début février 2008, les banques d’investissement Morgan Stanley, Citi, et J.P. Morgan Chase ont annoncé qu’à l’avenir tous les prêts pour des centrales thermiques au charbon seraient soumises à ce que les fournisseurs d’énergie démontrent que les centrales seraient économiquement viables avec les coûts plus élevés associés aux prochaines restrictions fédérales sur les émissions de carbone. Le 13 février, Bank of America a déclaré qu’elle allait suivre l’exemple.

En août 2007, le charbon a pris un sérieux coup politique quand le leader de la majorité sénatoriale Harry Reid du Nevada, qui s’est opposé à trois centrales thermiques au charbon dans son propre état a annoncé qu’il était maintenant contre la construction de nouvelles centrales thermiques au charbon n’importe où dans le monde. Les banques d’investissement et les leaders politiques commencent à voir ce qui est évident depuis longtemps pour les scientifiques du climat, comme James Hansen de la NASA qui dit que c’est un non sens de construire des centrales thermiques au charbon si nous devons les démolir dans quelques années.

Début novembre 2007, le représentant de la Californie Henry Waxman a déclaré son intention d’ “introduire une législation qui établit un moratoire sur l’approbation de nouvelles centrales thermiques au charbon sous le Clean Air Act (loi pour l’air propre, nldt) jusqu’à ce que l’EPA finalise les réglementations pour les émissions de gaz à effet de serre provenant de ces sources.” Si un moratoire national est voté par le congrès, cela marquera le début de la fin des centrales thermiques au charbon aux États-Unis.

Nous sommes peut être sur le point d’une victoire monumentale dans l’effort mondial pour stabiliser le climat. Dans notre nouveau livre, Plan B 3.0: Mobilizing to Save Civilization, (Mobiliser pour sauver la civilisation, ndlt.) je propose de réduire les émissions de carbone de 80 pour cent d’ici 2020. La première étape est d’arrêter de construire des nouvelles centrales thermiques au charbon. Si les États- Unis imposent un moratoire sur de telles constructions, comme le Danemark et la Nouvelle Zélande l’ont déjà fait, cela donnerait un signal puissant au reste du monde, renforçant l’effort de réduction des émissions de carbone. L’étape suivante est de vite exploiter le grand potentiel mondial d’accroissement de l’efficacité énergétique et de développer massivement les sources d’énergie renouvelables, comme l’éolien, le solaire, la géothermie, dans le but d’éliminer les centrales thermiques au charbon existantes.

Le monde se déplace vers un point de bascule politique sur le sujet du climat. Si les changements apparaissent assez tôt, nous pourrions encore éviter un changement climatique catastrophique.

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Lester R. Brown est le président du Earth Policy Institute.

Pour des éléments plus détaillés sur ce sujet, voir le chapitre 2 de Plan B 3.0, disponible gratuitement en téléchargement : www.earthpolicy.org

Informations et ressources complémentaires sur: www.earthpolicy.org

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