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Earth Policy Institute
Communiqué de presse
le 16 janvier 2008

PLAN B 3.0 - MOBILISER POUR SAUVER LA CIVILISATION

http://www.earth-policy.org/Books/PB3/index.htm

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka

“A la fin de l’hiver 2007, des rapports sur la glace qui fond arrivaient à un rythme frénétique. Les experts étaient ‘atterrés’ quand une surface équivalente à deux fois la Grande Bretagne a disparue en une seule semaine,” écrit Lester R. Brown dans son nouveau livre, Plan B 3.0: Mobiliser pour Sauver la Civilisation (éditions W.W. Norton & Company).

“Tout proche, la couche de glace du Groenland fondait si vite que d’énormes morceaux de glace pesant plusieurs milliards de tonnes se rompaient et glissaient dans la mer, déclenchant des petits tremblements mineurs,” note Brown, président et fondateur du Earth Policy Institute, une organisation de recherche indépendante sur l’environnement basée à Washington, D.C.

Ces développements récents alarment les scientifiques. Si nous ne pouvons stopper cette fonte de la couche de glace du Groenland, le niveau de la mer va à terme monter de 7 mètres, inondant de nombreuses villes côtières et les deltas de fleuves en Asie où l’on cultive du riz. Cela forcera plusieurs centaines de millions de personnes à partir de leurs maisons, générant un flux inimaginable de réfugiés dû à la mer qui monte.

“Nous ne devons pas aller au delà de la glace qui fond pour voir que la civilisation est en danger. Les affaires comme d’habitude ne sont plus une option viable. Il est temps pour mettre en oeuvre le Plan B,” dit Brown dans Plan B 3.0, qui a été produit avec des donations majeures des fondations Farview, Lannan, Summit, et Wallace Genetic, le Fond des Nations Unies pour la Population, Fred et Alice Stanback, et Andrew Stevenson.

“Plan B 3.0 est un plan exhaustif pour inverser les tendances qui torpillent rapidement notre futur. Ses quatre objectifs majeurs sont de stabiliser le climat, de stabiliser la population, d’éradiquer la pauvreté, et de restaurer les écosystèmes endommagés de la planète,” dit Brown. “Si nous échouons sur l’un de ces objectifs, cela signifiera probablement aussi un échec à atteindre les autres.”

La croissance continue et rapide de la population affaiblit les gouvernements dans de nombreux pays. L’addition annuelle de 70 millions de personnes à la population mondiale est concentrée dans des pays où les nappes phréatiques descendent et où les puits s’assèchent, les forêts s’amenuisent, les sols s’érodent, et les prairies se transforment en désert. Tandis que le retard dû aux problèmes irrésolus grandit, les tensions augmentent et des gouvernements plus faibles commencent à s’écrouler.

La caractéristique qui définit un état défaillant est l’incapacité du gouvernement à assurer la sécurité pour ses citoyens. La Somalie, le Soudan, la République Démocratique du Congo, Haïti, et le Pakistan figurent parmi les exemples les plus connus. Chaque année le nombre d’états défaillants s’accroît. “Les états défaillants,” note Brown, “sont un signe précurseur d’une civilisation défaillante.”

“Tout comme le retard dû aux problèmes irrésolus conduit à une chute des gouvernements dans les états plus faibles, de nouvelles tensions émergent. Parmi celles-ci, on trouve un prix croissant pour le pétrole alors que le monde approche du peak oil, les prix croissants de l’alimentation comme une plus grande partie de la récolte américaine de céréales est convertie en carburant pour les voitures, et la propagation des retombées dues au changement climatique.”

“Au coeur de l’initiative pour stabiliser le climat cité ci-dessus, un plan pour réduire les émissions de dioxyde de carbone de 80 pour cent d’ici 2020 est détaillé, dans le but que les températures futures n’augmentent que de façon minimale. Cette initiative inclut trois composants majeurs: élever l’efficacité énergétique, développer des sources d’énergie renouvelables, et étendre la couverture forestière de la terre. Atteindre ces buts,” dit Brown, “signifiera que le monde peut éliminer progressivement toutes les usines thermiques à base de charbon.”

En établissant les objectifs de réduction de carbone pour le Plan B, nous ne nous sommes pas demandés “Qu’est ce que les politiques pensent qu’il est politiquement faisable?” mais plutôt “Qu’est ce que nous pensons nécessaire pour empêcher un changement climatique irréversible?” Ce n’est pas le Plan A: les affaires comme d’habitude. C’est le Plan B: la plus grande réaction à une vitesse des temps de guerre en proportion de l’ampleur des menaces en face de la civilisation.

“Nous sommes dans une course entre des points de basculement dans les systèmes naturels et politiques,” explique Brown. “Qu’est ce qui arrivera en premier? Pouvons nous mobiliser la volonté politique pour remplacer progressivement les centrales thermiques au charbon avant que la fonte de la couche de glace du Groenland devienne irréversible? Pouvons nous stopper la déforestation dans le bassin amazonien avant qu’elle affaiblisse la forêt de sorte qu’elle devienne vulnérable au feu et soit détruite? Pouvons nous réduire les émissions de carbone assez vite pour sauver les glaciers de l’Himalaya qui alimentent les principaux fleuves d’Asie?”

Quoique des efforts aient été faits dans les décennies récentes pour élever l’efficacité de l’utilisation de l’énergie, le potentiel est toujours largement sous-exploité. Par exemple, une façon facile et profitable de réduire les émissions de carbone dans le monde est simplement de remplacer les ampoules incandescentes par des ampoules fluo - compactes qui consomment quatre fois moins d’électricité. Aller vers un éclairage plus efficace peut réduire la consommation électrique mondiale de 12 pour cent, assez pour fermer 705 des 2 370 usines thermiques au charbon dans le monde.

Aux États-Unis, les immeubles (commerciaux et résidentiels) totalisent près de 40 pour cent des émissions de carbone. Restaurer un immeuble existant peut typiquement réduire la consommation d’énergie de 20 à 50 pour cent. L’étape suivante, qui est d’utiliser de l’électricité pour chauffer, refroidir, et éclairer les immeubles complète la transformation vers des immeubles à zéro émissions de carbone.

Nous pouvons aussi réduire les émissions de carbone en descendant dans la chaîne alimentaire. L’énergie utilisée pour produire le régime américain typique et celle utilisée pour les transports individuels sont à peu près égales. Un régime basé sur les plantes requiert quatre fois moins d’énergie qu’une alimentation riche en viande rouge. La réduction des émissions de carbone en allant d’une alimentation riche en viande rouge vers une alimentation végétarienne est la même que de passer d’une Chevrolet 4 x 4 urbain à une voiture hybride Toyota Prius.

Dans l’économie de l’énergie du Plan B, le vent est la pièce centrale. Il est abondant, de faible coût, et largement distribué, peut facilement progresser and et peut être développé vite. Le but est de développer à une vitesse digne des temps de guerre une capacité de production éolienne de 3 millions de mégawatts avant 2020, assez pour fournir 40 pour cent des besoins mondiaux en électricité. Cela demanderait 1.5 millions de turbines éoliennes de 2 mégawatts chacune. Ces turbines pourraient être produites en lignes d’assemblage en rouvrant des usines automobiles fermées, à l’instar des bombardiers qui étaient assemblés dans des des usines automobiles pendant la deuxième guerre mondiale.

Dans le développement de sources d’énergies renouvelables, Brown remarque que nous assistons à l’émergence de pensée en haut de l’échelle (une pensée qui reconnaît l’urgence de se dégager des combustibles fossiles). Nul part il n’est plus évident qu’au Texas, où le gouvernement de l’état coordonne un effort pour construire une capacité de 23 000 mégawatts d’électricité éolienne (l’équivalent de 23 usines thermiques au charbon). Cela produira assez d’électricité pour satisfaire les besoins résidentiels de plus de 11 millions de texans : la moitié de la population de l’état. Les puits de pétrole s’assèchent et le charbon semble manquer, mais les ressources éoliennes de la terre ne peuvent s’épuiser.

Les technologies solaires offrent aussi des opportunités excitantes pour nous sortir de notre habitude du carbone. Les ventes de panneaux solaires électriques doublent tous les deux ans. Les chauffes eaux solaires placés sur le toit se répandent rapidement en Europe et en Chine. En Chine, quelques 40 millions de foyers obtiennent leur eau chaude de chauffes eaux solaires placés sur le toit. Le plan est de presque tripler cela à 110 millions de foyers en 2020, en fournissant de l’eau chaude à 380 millions de chinois.

Des centrales solaires thermiques de grande taille sont en construction ou planifiées en Californie, Floride, Espagne, et Algérie. L’Algérie, l’un des principaux exportateurs de pétrole au monde, prévoit de développer 6 000 mégawatts de capacité de production électrique solaire thermique, qu’elle injectera dans le réseau Européen via un câble sous-marin. L’ électricité générée par ce seul projet suffira à couvrir les besoins en électricité résidentielle d’un pays de la taille de la Suisse.

Les investissements en énergie géothermique pour le chauffage et la génération d’électricité augmentent vite aussi, note Brown. L’ Islande chauffe maintenant presque 90 pour cent de ses foyers à l’énergie géothermique, en éliminant virtuellement l’utilisation du charbon pour le chauffage domestique. Les Philippines obtiennent 25 pour cent de leur électricité à partir d’usines géothermiques. Les États-Unis ont 61 projets géothermiques en cours dans les états de l’ouest riches en géothermie.

La combinaison de voitures hybrides gaz-électricité et de turbines éoliennes au design avancé permettent l’apparition d’une économie du carburant automobile entièrement nouvelle. Si la capacité de stockage d’une batterie de la voiture hybride typique doublait, et qu’une fonction de recharge était ajoutée pour que les batteries puissent se recharger la nuit, alors nous pourrions effectuer nos déplacements de courte distance (aller au travail, faire les courses, etc. ...) presque entièrement avec de l’électricité d’origine éolienne.

Cela nous permettrait de faire largement fonctionner nos voitures à l’électricité renouvelable (et à un coût équivalent essence de moins de 30 centimes le litre). Plusieurs des plus importants fabricants de voitures mettent sur le marché des voitures hybrides ou électriques.

Avec les affaires comme d’habitude (Plan A), les tendances environnementales qui minent notre futur se poursuivront. De plus en plus d’états vont faillir jusqu’à ce que la civilisation elle même commence à chanceler. “Le temps est notre ressource la plus précieuse. Nous franchissons des seuils naturels que nous ne pouvons voir et enfreignons des échéances que nous ne reconnaissons pas,” dit Brown. “Ces échéances sont déterminées par la nature. La nature est la gardienne du temps, mais nous ne voyons pas l’horloge.”

La clef pour restructurer l’économie de l’énergie mondiale est de faire en sorte que le marché reflète la vérité environnementale en incorporant au prix les coûts indirects liés au fait de brûler des combustibles fossiles, comme le dérèglement climatique et la pollution de l’air. Pour ce faire, nous proposons l’adoption d’une taxe carbone qui reflétera ces coûts indirects et de compenser en baissant les impôts sur le revenu. Nous proposons une taxe carbone introduite progressivement à 20 dollars par tonne chaque année entre 2008 et 2020, se stabilisant à 240 dollars par tonne. Cette initiative, qui sera compensée à chaque étape par des réductions sur l’impôt sur le revenu, découragerait l’usage des énergies fossiles et simultanément encouragerait l’investissement dans des sources d’énergie renouvelables.

“Sauver la civilisation n’est pas un sport où l’on est spectateur,” dit Brown. “Nous avons atteint un point culminant dans la relation détériorée entre nous et les systèmes naturels de la terre où nous devons tous devenir des activistes politiques. Chaque jour compte. Nous avons tous un enjeu dans la survie de la civilisation.”

“Nous pouvons tous effectuer des changements dans notre style de vie, mais à moins que nous ne restructurions l’économie rapidement, nous allons pratiquement certainement échouer. Nous devons persuader nos représentants élus et nos leaders nationaux de favoriser une restructuration environnementale des taxes et de conduire les autres changements expliqués dans le Plan B. Au delà de cela, chacun de nous peut choisir un sujet qui nous semble important au niveau local, comme l’élimination progressive des centrales à charbon, d’utiliser des ampoules plus efficaces, ou développer un programme de recyclage local exhaustif, et commencer à travailler dessus.”

Nous avons besoin de nous éduquer sur les sujets environnementaux. De son coté, le Earth Policy Institute met gratuitement à disposition le Plan B 3.0 à télécharger depuis son site internet, earthpolicy.org.

“Le temps de la décision est là,” dit Brown. “Comme les civilisations anciennes qui ont connu des problèmes environnementaux, nous devons faire un choix. Nous pouvons garder les affaires comme d’habitude et regarder le déclin de notre économie et notre civilisation basculer, ou nous pouvons adopter le Plan B et être la génération qui se mobilise pour sauver la civilisation. Notre génération prendra la décision, mais cela affectera la vie sur terre pour toutes les générations à venir.”

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Contact pour des informations supplémentaires:
Lester R. Brown, Auteur et président (202) 496.9290 x 11
Janet Larsen, Directeur de recherche (202) 496.9290 x 14
Contact Media: Reah Janise Kauffman (202) 496.9290 x 12

Plan B 3.0: Mobiliser pour Sauver la Civilisation est maintenant gratuitement disponible en ligne, téléchargement sur http://www.earthpolicy.org/Books/PB3/index.htm .

 
 
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