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188 - LA GRANDE TRANSITION, PARTIE I: DES COMBUSTIBLES FOSSILES AUX ÉNERGIES RENOUVELABLES

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Publication du Earth Policy Institute
Mise à jour du Plan B
25 octobre 2012

 

LA GRANDE TRANSITION, PARTIE I:
DES COMBUSTIBLES FOSSILES AUX ÉNERGIES RENOUVELABLES

 

texte original : http://www.earth-policy.org/plan_b_updates/2012/update107

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka et Frédéric Jouffroy

La grande transition énergétique, des combustibles fossiles vers les sources d'énergie renouvelables est en cours. Une nouvelle économie mondiale de l'énergie est en train d’émerger, alors que les prix des combustibles fossiles s’envolent, que la sécurité des approvisionnement pétroliers se dégrade, et que les inquiétudes relatives à la pollution et l'instabilité climatique assombrissent l'avenir du charbon. L'ancienne économie de l'énergie, fonctionnant au pétrole, au charbon et au gaz naturel, est progressivement remplacée par une économie alimentée par le vent, l'énergie solaire et l'énergie géothermique. Les ressources d'énergies renouvelables de la Terre sont énormes, et prêtes à être exploitées par des initiatives visionnaires. Notre civilisation doit mettre en œuvre les énergies renouvelables, sur une échelle, et à une vitesse, jamais vues auparavant.

Notre économie actuelle mondiale de l'énergie, basée sur les combustibles fossiles, est héritée d’une autre époque. Le 19ème siècle a été celui du charbon et le 20ème celui du pétrole. Aujourd'hui, les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO 2), principal gaz à effet de serre responsable du changement climatique, proviennent en grande partie de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Le charbon, utilisé en majorité pour la production d'électricité, représente 44 % des ces émissions de CO2. Le pétrole, dédié en premier lieu aux transports, en représente 36 %. Le gaz naturel, enfin, surtout employé pour la production électrique et le chauffage, correspond aux 20 % restants. Il est temps de concevoir pour le 21ème siècle une économie de l'énergie sans carbone et sans pollution.

Certaines tendances vont déjà dans la bonne direction. Ainsi par exemple, la quantité de charbon brûlée baisse dans de nombreux pays. Aux États-Unis, deuxième consommateur de charbon au monde après la Chine, la consommation a chuté de 14 % entre 2007 à 2011, avec la fermeture de dizaines de centrales électriques au charbon. Cette tendance devrait se poursuivre, en partie en raison de la large opposition au charbon actuellement organisée par la campagne du Sierra Club intitulée Après le charbon (http://beyondcoal.org/).
Le pétrole est utilisé pour produire seulement 5 % de la production mondiale d'électricité, et devient de plus en plus coûteux. Le pétrole étant essentiellement utilisé dans les transports, nous pouvons nous en passer en procédant à l'électrification du système de transport. Les voitures hybrides rechargeables et tout électrique peuvent fonctionner en grande partie en utilisant de l'électricité propre. L’utilisation d'électricité d’origine éolienne permettrait de faire marcher les voitures pour un coût équivalent à 20 centimes par litre d'essence.

Les réserves de pétrole étant en train de s’épuiser, le monde reporte son intérêt sur les sources d'énergie tirées de la biomasse. Leur utilisation potentielle est cependant limitée, parce que les plantes convertissent généralement moins de 1 % de l'énergie solaire en biomasse.

Les cultures peuvent être utilisées pour produire des carburants automobiles tels que l'éthanol et le biodiesel. Les investissements dans les distilleries d'éthanol aux États-Unis à base de maïs sont devenus extrêmement rentables lorsque les prix du pétrole ont bondi au-dessus de 60 dollars le baril, après l'ouragan Katrina en 2005. La frénésie d'investissements s’est également nourrie des règles et subventions mises en place par le gouvernement. En 2011, près de 87 milliards de litres d'éthanol et de 23 milliards de litres de biodiesel ont été produits à travers le monde.

Cependant, les agrocarburants liquides deviennent de moins en moins attrayants à mesure que les recherches progressent. Tout hectare planté en maïs dédié à la production d'éthanol est synonyme de recherche d’un autre hectare devant être défriché ailleurs, pour la production agricole. Le défrichage de terres sous les tropiques pour produire des agrocarburants peut conduire à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et non à leur réduction. Les cultures à vocation énergétique ne peuvent pas rivaliser avec une production efficace d'électricité éolienne sur les mêmes terres.

La communauté scientifique dément le message porté par l'industrie du gaz naturel, selon lequel ce produit aurait peu d’incidences négatives sur le climat. Le gaz naturel produit par fracturation hydraulique (si vanté pour son potentiel de production) est encore plus perturbateur que le charbon pour le climat en raison des fuites associées de méthane (qui est un puissant gaz à effet de serre).

La deuxième moitié du vingtième siècle nous a apporté l'énergie nucléaire, autrefois largement présentée comme la source d'électricité de l'avenir. Même si les réacteurs nucléaires fournissent actuellement 13 % de l'électricité mondiale, il est clair depuis un certain temps que le nucléaire jouera un rôle limité dans notre avenir énergétique. Il est tout simplement trop cher.

De nombreux pays à travers le monde disposent d’un fort potentiel en énergies renouvelables, qui peut leur permettre dans certains cas de facilement doubler leurs capacités actuelles de production électrique. Une refonte de l’Economie de l’Energie, pour la rendre propre, permettra d’exploiter plus d’énergie tirée du vent, du soleil, et de l'intérieur de la Terre elle-même. Les combustibles fossiles perturbateurs du climat vont s’effacer dans le passé avec le passage des différents pays à des sources d'énergie propres, sans impact climatique, et inépuisables. Seul le mot "explosif" permet de décrire la croissance de 74 % en 2011 de l'utilisation de cellules solaires qui transforment en électricité la lumière du soleil. Les premières installations photovoltaïques (PV) étaient toutes de petite taille, la plupart du temps installées sur les toits des habitations. Ceci est en train de changer avec le lancement de nombreux projets photovoltaïques d’échelle industrielle. Les Etats-Unis, par exemple, ont en cours de construction et en développement plus de 100 projets de centrales photovoltaïques. L'électricité solaire est particulièrement intéressante dans les régions désertiques comme le Sud-ouest des Etats-Unis car son profil de production est parfaitement en phase avec celui de l’utilisation des climatisations.

Les 70 000 mégawatts photovoltaïques actuellement installés dans le monde correspondent, lorsqu’ils fonctionnent à pleine puissance, à la production de 70 centrales nucléaires. Avec la baisse continue des coûts et la progression du nombre d’installations, la capacité de production cumulée du PV pourrait dépasser un million de mégawatts en 2020. (Note : La capacité de production d'électricité au niveau mondial toutes sources confondues est aujourd’hui de 5 millions de mégawatts). L’installation, dans les villages des pays en développement, de panneaux solaires prévus pour des maisons individuelles, est maintenant souvent moins chère que la fourniture centralisée d'électricité, exigeant de construire une centrale électrique et un réseau.

La chaleur qui provient de l'intérieur de la Terre (l'énergie géothermique) peut être utilisée pour le chauffage ou transformée en vapeur pour produire de l'électricité. De nombreux pays ont assez d'énergie géothermique exploitable pour satisfaire l'ensemble de leurs besoins en électricité. Malgré cette abondance, la capacité de production géothermique installée en 2012 ne permet de couvrir les besoins que de 10 millions de foyers à travers le monde.

Les États-Unis et les Philippines totalisent près de la moitié des 11 000 mégawatts de capacité de production géothermique installés dans le monde, même si au total 24 pays transforment aujourd’hui l'énergie géothermique en électricité. Aux Etats-Unis, où 130 projets de centrales géothermiques sont confirmés (en cours de construction ou en développement), les mises en service à court terme représenteront une capacité de production d’au moins 1 000 mégawatts. Au niveau mondial, cette accélération pourrait amener à la mise en service de 200 000 mégawatts de capacité de production d'ici 2020.

Si chaque source d'énergie alternative, qu'elle soit solaire (http://www.earth-policy.org/indicators/C47), géothermique (http://www.ecologik-business.com/newsletters/newsle142.html) ou éolienne (http://www.earth-policy.org/indicators/C49), a un rôle majeur à jouer, l'éolien est néanmoins sur le point de devenir le fondement de cette nouvelle Economie de l'Energie.

Les avantages et le potentiel de l'énergie éolienne seront détaillés dans une 2ème partie
(http://www.earth-policy.org/plan_b_updates/2012/update108)

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