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18 - BOYCOTS D'EAU EMBOUTEILLÉE

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Earth Policy Institute, mise à jour du Plan B
Pour diffusion immédiate, le 7 décembre 2007

BOYCOTS D'EAU EMBOUTEILLÉE

http://www.earthpolicy.org/Updates/2007/Update68.htm

Janet Larsen, traduite par Marc Zischka

De San Francisco à New York et à Paris, les municipalités, les restaurants haut de gamme, les écoles, et les groupes religieux se débarrassent de l'eau en bouteille en faveur de celle qui vient du robinet. Avec des personnes qui ne sont plus contentes de payer 1 000 fois plus pour l' eau embouteillée, un produit qui n'est pas meilleur que l'eau courante, un mouvement de contestation contre l'eau embouteillée grandit.

La Conférence des Maires américains, qui représente quelques 1 100 villes américaines, discutait lors de son meeting de juin 2007, de l’ironie d’acheter de l’eau embouteillée pour les employés de la ville et des services municipaux, pendant qu’au même moment ils vantent la qualité de l’eau municipale. Le groupe a passé une résolution sponsorisée par le maire de San Francisco Gavin Newsom, Rocky Anderson de Salt Lake City, et R. T. Rybak de Minneapolis qui ont demandé à ce que l’on examine l’impact environnement al de l’eau embouteillée. La résolution notait qu’avec 43 milliards de dollars par an consacrés à la fourniture d’eau potable propre dans les villes du pays, “les systèmes d’eau municipaux américains sont parmi les meilleurs du monde.”

Pendant que la Conference des Maires américains échouait à dissuader l’argent des contribuables de remplir les caisses des embouteilleurs d’eau, un nombre croissant de villes vont dans cette direction. Los Angeles, qui a restreint ses achats d’eau embouteillée avec les fonds municipaux depuis 1987, a maintenant fait des émules. D’ici fin 2007, acheter de l’eau embouteillée sera proscrit pour les services et bureaux municipaux de San Francisco , économisant un demi million de dollars chaque année et réduisant les émissions de gaz à effet de serre. La ville de St. Louis est résolue à stopper les achats d’eau embouteillée pour les employés municipaux début 2008.

Au lancement en octobre de la campagne “pensez hors de la bouteille” du Corporate Accountability International (événement International de la Responsabilité des Entreprises, ndlt), le maire M. Anderson de Salt Lake City a décrit “l’absurdité totale et l’irresponsabilité, à la fois économique et environnementale, d’acheter et d’utiliser de l’eau embouteillée quand nous disposons de sources d’eau du robinet municipales parfaitement sûres et bonnes .” Il a pressé les services municipaux et les restaurants d’arrêter d’acheter de l’eau embouteillée.

En novembre, le conseil municipal de Chicago, est parti à l’assaut, avec des décharges de plus en plus remplies et un budget plus restreint, ont instauré une taxe symbolique de 5¢ sur chaque bouteille d’eau vendue dans la ville pour en décourager la consommation. Le même mois, les services publics de l’état de l’Illinois on reçu l’interdiction d’acheter l’eau embouteillée avec les fonds gouvernementaux. Aux Etats-Unis, 86 pour cent des bouteilles d’eau finissent comme déchets au lieu d’être recyclées; passer de la bouteille au robinet permet d’alléger la charge de déchets.

La ville de New York presse ses habitants de boire l’eau du robinet, qui est filtrée naturellement dans la région forestière protégée de Catskill. Au Kentucky, le service public de l’eau de Louisville donne des bouteilles gratuites aux résidents à remplir de “l’eau pure du robinet” des douzaines d’autres gouvernements locaux disent du bien de l’eau du robinet et cherchent à proscrire la bouteille. (Voir http://www.earthpolicy.org/Updates/2007/Update68_data.htm pour une liste et des informations supplémentaires.)

Les campagnes publicitaires pour l'eau du robinet auraient semblées vieillottes il y a quelques décennies, quand l’eau en bouteille était rare. De telles activités sont nécessaires aujourd’hui pour neutraliser le marketing universel qui a conduit les consommateurs à ne plus faire confiance à l’eau du robinet. En fait, plus d’un quart de l’eau embouteillée est de l’eau du robinet traitée, incluant les marques les plus vendues aux Etats-Unis Dasani de Coca-Cola et Aquafina. Quand Pepsi a annoncé en juillet qu’elle allait clairement indiquer que son eau Aquafina provient d’une “ source d’eau publique”, cela a sans doute choqué tous ceux qui croyaient que les bouteilles avec des labels qui montrent des montagnes vierges ou des glaciers constituaient un produit supérieur.

Malgré des tests de qualité moins fréquents et des origines parfois médiocres du produit, la consommation d’eau embouteillée s’est envolée. La consommation annuelle aux Etats-Unis en 1976 était de moins de 7,5 litres par personne; quelques 30 ans plus tard, les américains boivent maintenant en moyenne plus de 113 litres d’eau embouteillée par an.

Toute cette hydratation coûte aux américains plus de 15 milliards de dollars par an. Le prix unitaire d’une bouteille d’eau approche parfois un dollar le litre (parfois plus pour des marques élitistes), tandis que l’eau est livrée directement dans les maisons et les bureaux pour une fraction de cent par litre. Les gens qui se plaignent du prix de l’essence qui avoisine le dollar par litre devraient commencer à se demander pourquoi ils paient même plus par litre d’eau embouteillée.

Avec des ventes qui augmentent de 10 pour cent par an, plus vite que n’importe quelle autre boisson, l’eau embouteillée apparaît maintenant être la boisson de choix pour de nombreux américains (ils en boivent plus que du lait, des jus de fruits, de la bière du café ou du thé. Des analystes de l’industrie comptent sur l’eau embouteillée pour dépasser les boissons gazeuses et la placer en tête dans un proche futur, mais le mouvement naissant “retour au robinet” peut inverser la tendance.

En contraste avec l’eau du robinet, qui est livrée avec une infrastructure efficace sur le plan de l’énergie, l’eau embouteillée est un produit incroyablement gaspilleur. Elle est habituellement emballée dans des bouteilles individuelles fabriquée avec des combustibles fossiles. La seule fabrication des 29 milliards de bouteilles en plastique utilisées pour l’eau aux Etats-Unis chaque année nécessite l’équivalent de plus de 17 millions de barils de pétrole.

Après avoir été remplies, les bouteilles peuvent voyager loin. Presque un quart de l’eau embouteillée traverse des frontières nationales avant d’atteindre les consommateurs, et une partie du cachet de certaines marques d’eau embouteillée est leur origine lointaine. En additionnant les estimations du Pacific Institute pour l’énergie utilisée pour pomper et traiter l’eau, la transporter, la réfrigérer, l’empreinte annuelle de combustibles fossiles de la consommation d’eau embouteillée aux Etats-Unis correspond à plus de 50 millions de barils d’équivalent pétrole (assez pour alimenter 3 millions de voitures pendant un an). Si tout le monde buvait autant d’eau embouteillée que les américains, le monde aurait besoin de l’ équivalent de plus d’un milliard de barils de pétrole pour produire près de 650 milliards de bouteilles individuelles.

Des préoccupations à propos de l’usage de l’énergie et la contribution associée au changement climatique, ainsi que les soucis concernant les déchets, reconduisent de nombreux groupes à l’eau du robinet. L’Eglise Unie du Canada est l’un des groupes religieux qui abandonnent l’eau embouteillée pour des raisons morales. Les écoles du quartier de Berkeley ne proposent plus d’eau embouteillée. Et après avoir observé 3 000 bouteilles vides s’empiler chaque semaine, la société d’avocats de Nashville Bass, Berry, & Sims a arrêté de stocker l’eau embouteillée.

Les Européens ont pendant longtemps été les leaders de la consommation d’eau embouteillée par personne. L’Italie est au sommet de la liste dans le monde, avec les italiens qui ont bu près de 205 litres par personne en 2006. L’Italie est suivie de près en termes de consommation par habitant par les Emirats Arabes Unis et le Mexique, puis la France, la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne.

Cependant, même en Europe de l’Ouest, la bouteille commence à perdre son influence. Rome, une ville avec des fontaines historiques, est en train de promouvoir l’eau du robinet. Le conseil municipal, les écoles, et d’autres bureaux publics de Florence ne proposent que l’eau du robinet. Au Royaume Uni, le Ministère des Finances et le Ministère de l’ Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales ont arrêté de proposer de l’eau embouteillée aux cérémonies officielles. Les ventes d’eau embouteillée en Scandinavie devraient chuter à cause des préoccupations croissantes concernant l’ environnement.

Même la France, pays de l’Evian, voit ses ventes se ralentir. Pendant la campagne de promotion de l’eau du robinet en 2005 à Paris, les services publics de l’eau ont distribué des carafes ré utilisables en verre. Maintenant le maire de Paris Bertrand Delanoë ne sert que de l’eau du robinet aux événements officiels et encourage les autres à faire de même. Les ventes totales d’eau embouteillée en France sont tombées en 2004 et en 2005, mais ont rebondi en 2006.

Le ralentissement des ventes est peut être une tendance du futur puisque le mouvement de boycott de l’eau en bouteille gagne de la vitesse. Avec plus d’un milliard de personnes dans le monde qui n’ont toujours pas accès à une source d’eau fiable et sûre, les 100 milliards que le monde dépense dans l’eau embouteillée chaque année pourraient certainement être utilisés autrement en créant et en maintenant partout des infrastructures sûres d’eau publique.

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Informations et ressources complémentaires : www.earthpolicy.org

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