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13 - ADIEU A "TIRER LA CHASSE D'EAU ET OUBLIER"

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Earth Policy Institute, extrait du livre Plan B 2.0
Pour Diffusion immédiate, le 2 août 2007

ADIEU A "TIRER LA CHASSE D'EAU ET OUBLIER"

texte en anglais: http://www.earthpolicy.org/Books/Seg/PB2ch11_ss5.htm

Lester R. Brown, traduit par Marc Zischka

Dans les décors urbains, l'usage unique de l'eau pour disperser les déchets humains et industriels est en train de devenir une pratique démodée, rendue obsolète par de nouvelles technologies et des pénuries d'eau. L'eau entre dans une ville, devient polluée avec des déchets humains et industriels, et quitte la ville dangereusement polluée. Les déchets industriels toxiques rejetés dans les lacs et les rivières, dans les puits, contamine aussi des aquifères, en rendant l'eau (à la surface et sous terre) dangereuse à boire. Et leurs déchets toxiques sont en train de détruire les écosystèmes marins, en incluant les pêcheries locales. Le temps est venu de gérer les déchets sans les rejeter dans l'environnement local, en permettant à l'eau d'être recyclée à l'infini, et en réduisant de façon importante le demande urbaine et industrielle.

Le concept technique pour traiter les déchets humains est d'utiliser de grandes quantités d'eau pour les faire disparaître, de préférence dans un système d'égout qui permettra de les traiter avant d'être déchargés dans la rivière locale. Le système “tirer la chasse et oublier” est coûteux, gourmand en eau, il dérègle le cycle nutritif, et constitue une source majeure de maladies dans les pays en développement.

Tandis que la pénurie d'eau progresse, la viabilité de systèmes d'égouts basés sur l'eau diminuera. Les systèmes d'égouts basés sur l'eau prennent les nutriments qui trouvent leur origine dans le sol et les vident dans les rivières, les lacs, ou la mer. Non seulement les nutriments sont perdus pour l'agriculture, mais la surcharge en nutriments a tué de nombreuses rivières et la formation de quelques 200 zones mortes dans des régions côtières océaniques. Les systèmes d'égouts qui rejettent les eaux usées non traitées dans les rivières et les fleuves sont des sources majeures de maladie et de mort.

Sunita Narain du Centre pour la Science et l' Environnement en Inde explique de façon convaincante qu'un système de rejet basé sur l'eau, avec des installations de traitement des égouts, ne sont ni viables sur le plan environnemental, ni sur le plan économique pour l'Inde. Elle note qu'une famille indienne de cinq personnes, produit 250 litres d'excréments par an et en utilisant des toilettes avec une chasse d'eau nécessite 150 000 litres d'eau pour éliminer ses déchets.

Tel qu'il a été conçu, le système d' égouts indien est en fait un système de dispersion pathogène. Il utilise une petite quantité de matériau contaminé et l'utilise pour faire une grande quantité d'eau inadaptée pour l'usage humain, souvent simplement en le déchargeant dans les rivières ou les fleuves voisins. Narain dit qu'à la fois “nos rivières et nos enfants sont en train de mourir.” Le gouvernement indien, comme dans beaucoup de pays d'autre pays en développement, poursuit sans espoir cle but universel de systèmes d'égouts basés sur l'eau et d'installations de traitement, mais incapables de faire la jonction entre les services dont on a besoin et ceux qui sont fournis, et ne souhaitant pas admettre que ce n'est pas une option économiquement viable. Narain conclut que l' approche “tirer la chasse et oublier” ne fonctionne pas.

Cette dispersion de pathogènes est un grand challenge de santé publique. Dans le monde, l'assainissement déficient et l'hygiène personnelle réclame 2,7 millions de vies par an, deuxième derrière les 5,9 millions prises par la faim et la malnutrition.

Heureusement, il existe une alternative à faible coût: les toilettes à compost. C'est une toilette simple, sans eau, sans odeur, couplée à une petite installation de compostage. Les déchets alimentaires peut aussi être incorporés au composteur. Le compostage sec converti les matières fécales humaines en humus comparable à celui de sol, qui est pratiquement sans odeur et représente à peine 10 pour cent de son volume d'origine. Ces installations de compostage doivent être vidées environ tous les ans, selon leur conception et leur taille. Les fournisseurs collectent périodiquement l'humus et peuvent le revendre comme un complément pour le sol, assurant de fait que les nutriments et la matière organique retournent vers le sol, réduisant le besoin d'engrais.

Cette technologie réduit l'utilisation d'eau résidentielle, diminuant les factures d'eau et l'énergie requise pour pomper et purifier l'eau. En bonus, cela réduit aussi les flux d'ordures si les déchets de nourriture sont incorporés, élimine le problème de rejet des eaux d'égouts et restaure le cycle des nutriments. L' Agence de protection de l' Environnement américaine liste maintenant plusieurs marques de toilettes sèches dont l'usage est approuvé. La Suède a été pionnière, ces toilettes fonctionnent bien dans la large diversité des conditions où elles sont maintenant utilisées, en incluant des immeubles d'appartements suédois, les résidences privées américaines, et les villages chinois.

Au niveau domestique, l'eau peut être économisées avec des pommeaux de douche, les toilettes à chasse d'eau, les lave vaisselle, les lave linge, et autres appareils qui peuvent être appareils électroménagers qui sont plus efficaces dans l'usage de l'eau. Quelques pays ont adopté des normes d'efficacité par rapport à l'usage de l'eau ainsi que des labels pour les appareils électroménagers, comme ce qui a été fait préalablement en matière d'efficacité énergétique. Quand le coût de l'eau augmente, comme se sera le cas de façon inéluctable, des investissements dans des toilettes à compost et des appareils ménagers plus économes en eau deviendront de plus en plus attractifs pour les propriétaires de maisons individuelles.

Deux usages domestiques, les toilettes et la douche, représentent ensemble plus de la moitié de l'usage domestique intérieur. Tandis que les toilettes traditionnelles à chasse d'eau utilisent 22 litres par chasse, le maximum légal pour de nouvelles toilettes est de 6 litres. Des toilettes australiennes avec une technologie à deux boutons utilisent seulement 3,5 litres pour un déchet liquide et 6 litres pour un déchet solide. Passer d'un pommeau de douche qui coule à 20 litres par minute à un modèle de 10 litres par minute divise pratiquement par deux. Avec les machines à laver, une conception avec un axe horizontal, développée en Europe, utilise 40 pour cent de moins d'eau que les modèles traditionnels qui se chargeant par le haut. En plus, ce modèle européen, distribué dans le monde entier, utilise aussi moins d'énergie.

Pour les villes, l'action la plus efficace pour augmenter la productivité de l'eau est d'adopter un système de traitement / recyclage de l'eau complet, qui réutilise la même eau continuellement. Avec ce système, seulement un faible pourcentage de l'eau est perdue par évaporation au cours de chacun de ces cycles. Étant donné les technologies disponibles aujourd'hui, il est possible de recycler largement les apports d'eau urbains, en éliminant les villes comme grosses consommatrices de rares ressources d'eau.

Quelques villes confrontées à des fournitures d'eau décroissantes et des coûts en hausse commencent à recycler leur eau. Singapour, par exemple, qui achète son eau à la Malaisie, commence à recycler l'eau, réduisant le volume de ses imports. Pour quelques villes, le recyclage continu de l'eau deviendra une condition de leur survie.

Les industries privées qui ont les mêmes problèmes que les villes commencent à s'éloigner de l'usage de l'eau pour disperser les déchets industriels. Quelques entreprises séparent leurs flux d'effluents, en traitant chacun individuellement avec les produits chimiques appropriés et des filtrations par membrane, préparant l'eau à son réemploi. Peter Gleick, auteur expérimenté et éditeur du rapport bi annuel The World’s Water (l'Eau dans le Monde, ndlt), écrit: “en effet, certaines industries, comme celles du papier et de la pulpe, les blanchisseries industrielles, et l'usinage du métal, commencent à développer des systèmes ‘en boucle fermée’ où toute l'eau grise est réutilisée en interne, avec seulement de faibles volumes d'eau pour remplacer l'eau incorporée dans le produit ou perdu par l'évaporation. Les industries avancent plus vite que les villes, mais les technologies qu'elles développent peuvent aussi servir au recyclage de l'eau urbaine.

L'économie actuelle d'élimination de déchets par l'eau n'est pas viable. Il y a trop de foyers, d'usines, et de fermes pour essayer simplement et éliminer les déchets avec l'eau sur notre planète bondée. Faire ainsi est obsolète et insensé sur un plan écologique, une approche qui appartient à un âge où il y avait beaucoup moins de personnes et beaucoup moins d'activité économique.

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Adapté du Chapitre 11, “Créer des villes durables,” du livre de Lester R. Brown, Plan B 2.0: Rescuing a Planet Under Stress and a Civilization in Trouble de Lester R. Brown (New York: W.W. Norton & Company, 2006), disponible en ligne sur www.earthpolicy.org/Books/PB2/index.htm
(Le Plan B 2.0: Sauver une planète sous stress et une civilisation en danger, ndlt)

Information complémentaire: www.earthpolicy.org

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Web: www.earthpolicy.org

 
 
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